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Nouvel Obs
A l’Assemblée, le Rassemblement national s’engouffre dans les brèches et multiplie les victoires contre l’écologie
Article mis en ligne le 23 juin 2025
dernière modification le 21 juin 2025

Dans une Assemblée nationale clairsemée, jeudi 19 juin, le Rassemblement national a remporté une nouvelle bataille contre l’écologie. Les parlementaires ont adopté un moratoire sur toute nouvelle installation d’éoliennes ou de panneaux solaires. Officiellement, il s’agit de laisser le temps à une « étude indépendante » de déterminer le mix énergétique optimal pour la France. « C’est un retournement historique de la politique française menée depuis des années, se félicite le député RN Jean-Philippe Tanguy. Il s’agit d’une victoire considérable pour nous. » Mais d’un nouveau revers pour la lutte contre le changement climatique, en seulement quelques jours. Coup sur coup, le Rassemblement national continue de creuser son sillon anti-écologique.

Dans une Assemblée nationale clairsemée, jeudi 19 juin, le Rassemblement national a remporté une nouvelle bataille contre l’écologie. Les parlementaires ont adopté un moratoire sur toute nouvelle installation d’éoliennes ou de panneaux solaires. Officiellement, il s’agit de laisser le temps à une « étude indépendante » de déterminer le mix énergétique optimal pour la France. « C’est un retournement historique de la politique française menée depuis des années, se félicite le député RN Jean-Philippe Tanguy. Il s’agit d’une victoire considérable pour nous. » Mais d’un nouveau revers pour la lutte contre le changement climatique, en seulement quelques jours. Coup sur coup, le Rassemblement national continue de creuser son sillon anti-écologique. (...)

. Seuls 127 députés sur 577 ont pris part au vote sur cet amendement, porté par un député Les Républicains dans le cadre de la loi de programmation énergie-climat pour 2025-2035. Avec 46 % de ses élus mobilisés – un taux deux à dix fois supérieur à celui des autres groupes –, le RN a fait basculer le scrutin. Contre l’avis du gouvernement, l’amendement a été adopté de justesse : 65 voix « pour », 62 « contre ». (...)

Cette première lecture de la loi était pourtant prévue depuis plusieurs semaines, après un coup de pression mis par Marine Le Pen à François Bayrou. « La loi n’est débattue que sous la menace » d’une censure brandie par le RN, confirme Jean-Philippe Tanguy. L’exécutif prévoyait au départ de faire passer par décret la Programmation pluriannuelle de l’Energie (PPE), le document qui fixe les grandes orientations énergétiques de la France. Mais le parti lepéniste a exigé, et obtenu, la tenue d’un débat parlementaire.

Un premier coup politique, donc, suivi d’un second, ce 19 juin. Plutôt que de déposer son propre amendement, le RN a soutenu celui du député LR Jérôme Nury. « On a voté celui des Républicains afin de les mettre face à leurs contradictions sur leur politique énergétique, explique Jean-Philippe Tanguy. Quand ils gouvernent, ils font du Macron. Sur le terrain, ils nous copient. » Plus tôt dans la journée, les députés LR avaient en effet soutenu un amendement socialiste fixant un objectif clair de production d’énergies renouvelables à l’horizon 2030. Une position également en décalage avec la version initiale du texte, portée par le sénateur LR Daniel Gremillet, réduisant la part du renouvelable au profit du nucléaire.

« Le Rassemblement national est complètement climatosceptique »

Profitant des ambiguïtés de la droite et de l’immobilisme du centre, le RN s’engouffre dans ces brèches et avance ses pions. Le nucléaire constitue l’un de ses marqueurs forts. (...)

Le 18 juin, les députés RN ont fait adopter un amendement afin de relancer la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), arrêtée en 2020. Une réussite « symbolique », selon Jean-Philippe Tanguy, mais « sans aucun sens », pour Charles Fournier. Face à cet acte dépourvu de conséquences – Fessenheim ne pourra jamais être remise en service –, l’élu écologiste s’agace surtout de voir « toutes les obsessions antiécologiques du RN et de la droite » se concrétiser.

Lire aussi :

 (Vert Eco)
« Un plan à 300 milliards d’euros ! » : les mauvais calculs de l’extrême droite pour décrédibiliser les énergies renouvelables

Droite et extrême droite agitent depuis plusieurs semaines un chiffre choc – 300 milliards d’euros ! – censé démontrer le coût démesuré des énergies renouvelables. Habile, alors que le gouvernement veut sabrer à nouveau dans les dépenses publiques… mais Vert a refait les calculs.

« 300 milliards d’euros, c’est six fois le budget de l’armée ! », s’est alarmé la députée (Les Républicains) Justine Gruet. « Nous recherchons des économies d’argent public : voilà 400 milliards inutiles », a surenchéri le député (Union des droites pour la République) Éric Ciotti.

Une addition fallacieuse

Les trois élu·es, contacté·es par Vert, se sont bien gardé·es d’expliciter leurs calculs. Pourtant, le chiffre de 300 – ou même 400 milliards d’euros – de dépenses publiques n’apparaît dans aucune étude ou document sur le sujet. Selon Alexandre Roesch, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables, « le RN a fabriqué une grosse fake news en additionnant de manière fallacieuse des sommes qui ne concernent pas toujours les renouvelables, ne relèvent pas forcément du budget de l’État et ne couvrent pas les mêmes périodes. »

Même le premier ministre, François Bayrou, a tenté son propre débunkage à la tribune du Sénat, le 6 mai dernier : « Ce chiffre [de 300 milliards d’euros] inclut tout d’abord les coûts de réseaux [d’électricité] jusqu’en 2040 : 200 milliards d’euros. Quant aux 100 milliards d’euros restants, il s’agit d’une estimation maximaliste du coût du soutien jusqu’en 2060. ». Mais pour dégonfler la baudruche du RN, quelques détails manquaient encore…

Coûts de réseaux : 200 milliards d’euros… qui en deviennent 50 (...)

Subventions aux renouvelables : 100 milliards de dépenses… ou 42 milliards d’économies ? (...)

Le coût de l’inaction

En réduisant aujourd’hui son soutien aux énergies renouvelables, l’État ne serait donc pas sûr d’économiser sur le long terme. Sans compter que ces énergies « vertes » ont vocation à diminuer le recours aux énergies fossiles, dont les importations ont coûté la bagatelle de 64 milliards d’euros en 2024.