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À Calais, le manque d’informations et l’attrait de l’Angleterre éloignent les migrants de l’asile, déplore le HCR
#Manche #Calais #migrants #immigration #ONU
Article mis en ligne le 29 janvier 2025

Dans un rapport publié lundi par le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés à propos de la situation à Calais, l’ONU affirme qu’une large partie des migrants résidant dans la ville seraient éligibles à une protection internationale de la France. Mais peu d’exilés en font la demande : la faute, selon l’ONU, à une absence d’accès à l’information.

C’est une étude onusienne plutôt critique envers l’État français concernant la prise en charge des migrants à Calais. Dans un rapport publié lundi 27 janvier, le Haut-Commissariat des réfugiés (HCR) revient sur l’isolement administratif des centaines de migrants présents sur le littoral nord de la France, à Calais. Alors que plus de 85 exilés sont morts en 2024 lors des traversées de la Manche et sur le littoral nord, le HCR a mené l’enquête sur l’accès aux informations concernant les procédures d’asile.

En effet, parmi les migrants interrogés à Calais par les équipes de l’ONU, 77 % n’ont pas demandé l’asile en France. Pourtant, "les résultats de cette enquête montrent qu’une majorité de ces personnes proviennent de pays en conflit (…) Cela confirme (…) qu’un grand nombre de personnes (…) pourraient potentiellement obtenir une protection internationale", peut-on lire dans le rapport. Les 10 pays d’origine les plus mentionnés par les migrants interrogés sont le Soudan (40 %), l’Érythrée (14 %), la Syrie (9 %), l’Égypte (5 %), l’Irak (5 %), l’Iran (4 %), la Somalie (3 %). Des États où sévissent des guerres ou des régimes autoritaires.

Des associations tentent de pallier ce manque d’accès à l’information, comme le "bus de l’accès aux droits", qui propose aux exilés de Calais des rendez-vous gratuits pour obtenir des informations juridiques, notamment concernant l’asile, le règlement de Dublin ou les titres de séjour. Mais c’est l’un des seuls dispositifs associatifs existants et peu d’exilés s’y présentent. Sur l’année universitaire 2023-2024, l’équipe du bus n’a reçu que 495 personnes. (...)

Peu de personnes quittent leur pays en raison de la situation économique

Contrairement aux idées reçues, l’enquête du HCR démontre aussi que la "violence généralisée", les "risques de persécutions politiques, ethniques ou religieuses", sont les principales raisons de départ des exilés interrogés (56 %). Peu de personnes ont quitté leur pays à cause d’un contexte économique défavorable (15 %). (...)

Pour améliorer la vie des exilés à Calais, "il serait donc particulièrement important de renforcer l’accès aux services d’accompagnement juridique, administratif et logistique, facilitant en pratique la possibilité de déposer une demande d’asile", recommande l’agence de l’ONU (...)

Pour les associations rencontrées sur le terrain par InfoMigrants, la faute revient aussi à leurs conditions de vie. "Les exilés ne sentent pas considérés. Vous avez vu comment l’État français les traite à leur arrivée à Calais. Ils n’ont pas envie de rester dans un pays si peu accueillant envers eux, sans accès aux besoins primaires et droits fondamentaux et avec un harcèlement policier constant", explique Flore Judet de l’Auberge des migrants. (...)

86 % des personnes interrogées vivent à la rue

Concernant les conditions de vie, le rapport dénonce, sans surprise, le quotidien précaire des populations exilées : 86% des personnes interrogées par le HCR vivent à la rue. Et celles qui sont hébergées, le sont dans un centre d’accueil d’urgence ou chez l’habitant - des solutions temporaires.

Les migrants qui vivent dans des campements à Calais - mais aussi à Grande-Synthe, Dunkerque… - sont contraints de se terrer dans des forêts, loin des centres-villes, et loin des associations. Selon l’enquête du HCR, certains besoins essentiels sont toutefois assurés grâce aux associations : la majorité des interrogés estiment avoir assez d’eau potable et un accès suffisant aux distributions alimentaires.

Mais quid de l’hébergement face à un hiver parfois rude ? (...)