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À Calais, la solidarité associative face à l’abandon de l’État
#Manche #migrants #immigration #Calais #solidarités
Article mis en ligne le 24 octobre 2024
dernière modification le 21 octobre 2024

Un réseau solidaire d’associatifs qui se serrent les coudes s’est mis en place et développé au fil des années, pour répondre à l’urgence humanitaire dans le Calaisis. Abandonnées par les pouvoirs publics qui préfèrent miser sur la répression, les associations font des pieds et des mains pour aider les exilés à subvenir à leurs besoins de première nécessité.

C’est en banlieue de Calais, dans les allées de la Warehouse (entrepôt, ndlr) qu’Utopia 56 a élu domicile avec six autres associations, pour former l’Auberge des Migrants. Toutes viennent en aide aux exilés, mais aucune n’est mandatée par l’État. Leurs missions sont complémentaires : préparation de repas, acheminement d’eau sur les campements, coupe de bois en hiver, dons de produits de première nécessité…

Ici, on tente tant bien que mal de répondre aux manquements de l’État, et de la ville. « Nos contacts avec la mairie sont inexistants depuis que je travaille ici », déplore Axel Guidinat, coordinateur d’Utopia à Calais depuis deux ans. Inexistants, c’est peu dire. Mi-septembre, dans une interview accordée à RMC, la maire LR, Natacha Bouchart, a accusé les associations de contribuer à « organiser le fait qu’ils [les exilés] puissent à un moment passer ». Dès 2017, l’édile avait interdit les maraudes alimentaires, pour empêcher un « appel d’air » migratoire.

Des associations solidaires les unes des autres (...)

On est confrontés à une telle violence qu’on finit par être super soudés (...)

Pour aider les hommes, les femmes et les enfants qui tentent de survivre dans le Calaisis, en attendant d’entreprendre la traversée vers le Royaume-Uni, les associations ne peuvent compter que sur elles-mêmes. Il est nécessaire de bien communiquer et de se coordonner au mieux. Tous les mardis après-midi à la Warehouse, une réunion est organisée entre les acteurs associatifs.

Une boucle mail inter-asso a également été mise en place, pour s’informer rapidement sur une situation très mouvante. (...)

Si les femmes sont moins visibles, tant physiquement que médiatiquement, elles sont tout aussi présentes sur les campements que les hommes. « On s’est rendu compte qu’elles ne se rendaient que très peu aux distributions alimentaires, constate Louise. Ce n’est pas acceptable, on veut qu’elles aient accès aux mêmes aides que les autres, qu’elles soient protégées de la même façon », ajoute l’associative. Alors Refugee Women’s centre tente de combler cet angle mort et de permettre à ces femmes de subvenir à leurs besoins de première nécessité. L’association les aide par exemple à obtenir des places en hébergement d’urgence via le 115, pour se reposer quelques jours. (...)

Un soutien à bout de bras

Dans le Calaisis, les vêtements et la nourriture sont des denrées rares. Par manque de moyen, Utopia a mis en place des règles strictes de dons. « On ne donne pas de tentes aux hommes seuls, on ne change pas les vêtements des exilés s’ils en ont déjà et qu’ils sont secs ». Un brise-cœur, nécessaire pour fournir un soutien à ceux qui sont démunis de tout. « Si on donnait sans compter, on n’aurait plus rien dans une semaine », justifie-t-il, devant le stock de l’association.

Pour les tentes, c’est encore pire. La police les arrache tous les 24 à 48 heures. Difficile, voire impossible, pour les associatifs d’en fournir à tous ceux et celles qui dorment dehors. (...)

Les bénévoles se retrouvent confrontés à des choix cornéliens : « On est amené à faire des choix entre une personne enceinte et une avec un bébé, c’est inhumain ». À Grande-Synthe, l’association achète quarante tentes par semaine, « c’est un budget énorme », souffle Louise. Quand il n’y a plus de tentes, Utopia peut compter sur son réseau d’hébergeurs solidaires, qui compte à peu près 25 personnes. Des particuliers qui accueillent des exilés pour une ou deux nuits, lorsqu’ils peuvent, et que l’urgence le réclame. (...)

« Parfois, les personnes hébergées deviennent des bénévoles, ils ont envie de s’impliquer et ça nous aide pour la traduction » (...)

Un Calais à deux visages

À quelques kilomètres de là, sur la digue de la plage de Calais, les joggeurs croisent quelques couples venus profiter des derniers rayons de soleil du mois. Au bord du chemin, un skate-parc, un city-foot, une tyrolienne, des jeux pour enfants se sont fait une place dans cette nouvelle « station balnéaire du XXIe siècle », imaginée par la municipalité de Natacha Bouchart (LR).

Bienvenue à « Calais L.A plage », peut-on lire sur un immense panneau bariolé qui annonce la couleur, référence non dissimulée à Los Angeles. Un projet à 46 millions d’euros, financé par les pouvoirs publics et abouti il y a trois ans maintenant. (...)

côté pile, la municipalité cherche à attirer les touristes. Côté face, à invisibiliser les plus précaires délaissés par les pouvoirs publics et criminaliser les associations qui tentent, contre vents et marées, de leur apporter un peu de soutien.