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Zoé Konstantopoulou dévoile la réalité de la dette réclamée à la Grèce et appelle à poursuivre la résistance
Article mis en ligne le 29 août 2016
dernière modification le 23 août 2016

Des dettes qui noient les citoyen-ne-s et des gouvernements qui préfèrent sauver les banques ou le secteur immobilier au lieu de protéger les conditions de vie des citoyen-ne-s. Zoé Konstantopoulou et Eric Toussaint parlent du système dette au Forum Social organisé à Benicassim.

(...) Zoé Konstantopolou (ex-présidente du Parlement grec et fondatrice de la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque) et Eric Toussaint (porte-parole du réseau international du Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes et coordinateur scientifique de la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque) ont passé au scanner la manière dont les dettes illégitimes sacrifient les droits des citoyen-ne-s pendant que les banques sont sauvées devant un public de 200 personnes.

Eric Toussaint a montré que le système dette opprime les peuples tant au Sud qu’au Nord de la planète. Il a dénoncé les dettes privées illégitimes réclamées aux personnes privées : les dettes hypothécaires abusives dans des pays comme l’Espagne (plus de 300 000 familles ont été expulsées de leur logement par les banques en Espagne depuis 2010), l’Irlande ou les Etats-Unis, des dettes étudiantes oppressantes comme aux Etats-Unis (le volume de la dette étudiante dépasse 1000 milliards de dollars) ou au Royaume-Uni, des dettes usuraires du microcrédit au Maroc ou des dettes arbitraires réclamées au paysans indiens (dont plus 250 000 se sont suicidé en une quinzaine d’années pour tenter de libérer leur famille de la charge de la dette), les dettes des ouvriers des briqueteries au Pakistan. Ensuite, il a résumé le processus d’endettement des pays mal nommés « en développement » au cours des années 1960-1970 qui a ensuite abouti à la crise des années 1980. C’est à partir de ce moment que les politiques néolibérales se sont généralisés à l’échelle planétaire. Il a montré en quoi ces dettes étaient illégitimes. (...)

Zoé Konstantopoulou a fait un résumé complet de la situation en Grèce. Elle a déclaré « Le rapport de la commission pour la vérité sur la dette grecque dénonce une multitude de mensonges » qui ont été entretenus pour imposer les cures d’austérité à la population. On a pu établir à travers le travail de la Commission que les dirigeants du FMI considéraient dès mars 2010 (avant le premier mémorandum) que le FMI jugeait que la dette grecque était insoutenable. Afin de rendre le 1er mémorandum conforme aux règles du FMI, qui lui interdit de prêter de l’argent si la dette reste insoutenable après ce prêt, l’institution a changé en catimini ses règles. Le FMI reconnaît ainsi que l’argent débloqué, le fut pour sauver… les banques privées. De plus, une propagande dans les médias faisait entendre que les Grecs ont vécu au-dessus de leurs moyens. Or, la Commission a démontré que la Grèce maintenait des dépenses publiques en-dessous de la moyenne européenne, excepté le budget de l’armement, soumis à de fortes pressions extérieures de l’Allemagne, de la France et des Etats-Unis (les principaux fournisseurs d’armes) pour maintenir un niveau élevé d’achat d’armes.

« Les grecs n’ont pas profité des prêts accordés par la troïka »

La Commission a relevé plusieurs éléments prouvant les caractères odieux, illégitime, illégal et insoutenable de la dette grecque. (...)

« Le rapport éclaire une multitude de mensonges »

Les mesures d’austérité ont entraîné un effondrement de l’économie grecque qui s’est contractée de 25% portant ainsi atteinte aux droits les plus élémentaires des citoyen-ne-s. Comme l’expose Zoé Kontantopoulou : « C’est une crise qui a abouti à un désespoir sans précèdent ». Le taux de chômage chez les jeunes a atteint 65%, 72% chez les jeunes femmes, provoquant une « fuite des cerveaux » de plus de 300.000 scientifiques. La moitié des enfants et des retraités vivent en-dessous du seuil officiel de la pauvreté. Ce démantèlement social est tout à fait minimisé par la propagande médiatique.

« Il faut désobéir avec la légitimité que donne l’appui du peuple ». La participation citoyenne doit être au cœur de l’audit de la dette. C’est pourquoi, les réunions de la Commission étaient ouvertes et diffusées publiquement via la chaîne parlementaire. L’audience était énorme !

En dépit de la qualité du travail de la Commission et de la sympathie populaire qu’elle obtenait, Alexis Tsipras, n’a jamais utilisé face aux créanciers les résultats de la Commission. (...)

Zoé Konstantopulou et Eric Toussaint ont appelé à la résistance et ont encouragé les participants à s’engager dans la lutte. (...)