
"La coupe est pleine : y’en a marre" : c’est l’un des slogans des "yenamarristes", ces journalistes et rappeurs sénégalais qui mobilisent contre "la corruption, l’injustice, et la mal-gouvernance". À la faveur du contre-g20, Mouvements a rencontré l’un de leurs animateurs, Fadel Barro.
« Y’en a marre » c’est un mouvement apolitique, un mouvement citoyen, un mouvement qui regroupe la jeunesse sénégalaise, qui a été initié par des rappeurs et des journalistes, pour exprimer le ras-le-bol face à l’injustice sociale, la corruption et la mal-gouvernance. C’est un mouvement qui est né après avoir fait le constat que dans ce pays, le Sénégal, on vivait 20 heures de coupures d’électricité et les gens ne faisaient rien. Alors à un certain moment on s’est dit que nous les jeunes, il fallait qu’on s’engage. Qu’on s’engage pour rompre avec le fatalisme, pour rompre avec le laxisme, qu’on s’offre en exemple, qu’on s’offre en remède si jamais le pays souffre d’une plaie, qu’on soit le médicament… Pour s’engager de manière citoyenne, de manière volontaire, non pas dans le cadre d’un parti politique de manière partisane ou clanique, mais par un engagement volontaire, pour amener les élites politiques à prendre en compte les préoccupations des sénégalais, et qu’elles arrêtent d’ériger des futilités en priorités (...)
« Y’en a marre ». C’est un cri de ras-le-bol certes, mais c’est aussi une organisation qui réveille les gens et qui va vers l’avant.
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On ne pouvait pas voir ce qui se passait en Tunisie et être au Sénégal, avoir des problèmes semblables, et ne pas être inspirés. Y’en a marre fait une lente sédimentation des frustrations, qui a explosé en janvier. Peut-être que s’il n’y avait pas eu la Tunisie, on se serait quand même levés. Mais ça nous a inspiré. Même si nous n’avons pas les mêmes réalités (...)