
Premier mythe : les médias dits « sociaux » — dont le contenu est coproduit par les utilisateurs — disposent d’un pouvoir spécifique. On s’est beaucoup interrogé sur ce que l’événement révélait du rôle des nouveaux médias coopératifs, notamment dans la couverture des conflits armés. La question n’a rien d’inintéressant, mais elle illustre une confusion de plus en plus répandue : celle qui conduit à mettre toutes les formes de médias « sociaux » (blogs, Twitter, Facebook, YouTube ou WikiLeaks) dans le même panier. Parce qu’ils exploitent une technologie identique, tous ces supports formeraient un ensemble homogène.
Or, à la différence des autres médias coopératifs, WikiLeaks soumet tout document destiné à la publication à un processus de vérification approfondi. Un détail ? Loin de là : cette démarche met en lumière le caractère fantaisiste des illusions « techno-utopiques » selon lesquelles nous observerions l’avènement d’un « monde ouvert » où chacun œuvrerait à répandre la vérité sur toute la planète en publiant ce que bon lui semble.
L’influence de WikiLeaks ne tient pas à la technologie, mais à la confiance que peuvent avoir ses lecteurs dans l’authenticité des documents qu’ils y consultent (...)
A rebours de tous les discours qui présentent l’univers numérique comme horizontal, sans confins et fluide, cet épisode nous rappelle que les structures, les frontières et les lois n’ont rien perdu de leur importance.