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Voir Calais et mourir, 367 fois
#migrants #calais #frontieres
Article mis en ligne le 24 juillet 2023
dernière modification le 23 juillet 2023

Depuis 1999, la frontière franco-britannique tue et tue encore. « Les Jours » remontent le fil d’un carnage silencieux et éminemment politique.

Le lundi 11 janvier 1999, un homme irakien est retrouvé mort dans l’enceinte du port de Douvres, en Angleterre. Caché sous la remorque d’un poids lourd, au niveau des essieux, il venait à peine de franchir la frontière franco-britannique quand les secousses du camion l’ont déséquilibré. Tombé à terre, il a été immédiatement happé et écrasé par les roues. L’identité de cet homme n’est pas connue, pas plus que son histoire personnelle. Sans la vigilance de quelques citoyens britanniques, son décès serait sans doute passé inaperçu.

Il ne s’agit pourtant pas d’un événement isolé. Depuis cette nuit d’hiver, au 15 mai 2023, 367 migrants sont morts entre la zone frontière franco-belge et le Royaume-Uni. C’est ce qu’ont dénombré Les Jours dans un travail aussi inédit qu’exceptionnel. Nom, prénom, âge, nationalité, parcours migratoire, circonstances du décès, photos… Nous avons cherché et compilé pendant plusieurs années toutes les informations possibles sur les exilés disparus le long de cette frontière maritime. Notre « Mémorial de Calais », à découvrir ci-dessous, recense les victimes pour qu’on ne les oublie pas. Il décompte les morts parce que ces vies comptent.

367 morts en un peu moins de vingt-cinq ans. 367 morts au minimum, car les informations manquent pour la période antérieure à 1999. Et dans les années 2000, certaines disparitions sont possiblement restées invisibles aux yeux des médias et des militants. 367 morts, 367 vies qui se sont arrêtées sur ce littoral ordinaire. Une litanie, sourde et sans fin. Comme si un tueur en série sévissait depuis près d’un quart de siècle, sans que les institutions policière et judiciaire ne s’émeuvent. Alors, Les Jours s’autosaisissent, enquêtent en indépendants et remontent le fil d’un carnage silencieux et politique, d’un lieu à l’autre du Calaisis, au rythme des accords entre la France et le Royaume-Uni, comme on le lira dans les prochains épisodes. Mais d’abord, l’investigation commence par le profil type des victimes. (...)