Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
ouest France
Violences conjugales. Ce que révèlent les 50 000 appels passés chaque année au 3919
Article mis en ligne le 3 septembre 2019

La date du Grenelle des violences conjugales qui débute ce mardi 3 septembre 2019 a été choisie en référence au 3919, le numéro de téléphone national destiné aux femmes victimes de violences et à leur entourage. Le service a reçu plus de 50 000 appels en 2018. L’analyse de ces appels est riche d’enseignements sur le profil des victimes et sur ce qu’elles traversent. Dans 98 % des appels passés, la victime est une femme et l’auteur des violences est un homme.

Le 3919 est géré par la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), qui rassemble 67 associations d’aide et de prise en charge des victimes de violences conjugales.
Des appels de plus en plus nombreux

Après avoir atteint un palier depuis 2014, le nombre d’appels au 3919 a repris sa progression fin 2018, avec une recrudescence depuis l’affaire Harvey Weinstein. La FNSF a alors constaté une hausse de 15 % des appels.

Après une hausse de 9,5 % de 2017 à 2018, le nombre d’appels continue d’augmenter en 2019, avec une tendance de + 6 % au 1er semestre, selon Françoise Brié, directrice de Solidarités Femmes.

Sur les 53 255 appels pris en charge en 2018, 74 % concernent des violences faites aux femmes, 14 % d’autres violences et demandes de renseignements, et 12 % ont d’autres motifs. Dans les appels concernant les violences faites aux femmes, 92 % sont liés à des violences conjugales. (...)

Les violences les plus fréquemment dénoncées lors des appels sont des violences psychologiques, des injures ou des menaces, et des violences physiques.

Les violences économiques (privation de moyen de paiement ou d’argent), les violences sexuelles ou les violences administratives (privation de papiers d’identité) sont également répertoriées.
Des conséquences destructrices

Les violences subies atteignent profondément les victimes. 93 % de celles qui ont appelé le 3919 en 2017 disent ressentir de la peur et de l’anxiété, de l’angoisse et du stress.

8 sur 10 disent souffrir d’un sentiment de honte et de culpabilité. La moitié ressent une perte d’estime, une dépression, de la lassitude et de la fatigue.

82 % des femmes qui appellent le 3919 ont au moins un enfant. Ces derniers sont également victimes des violences conjugales, en tant que victime directe (24 %) ou en tant que témoin.

Dans 58 % des cas, la victime habite encore dans le même logement que son agresseur. (...)

le taux d’appels pour 10 000 femmes est deux fois plus élevé en région Île-de-France qu’en Normandie. Difficile d’évaluer la part entre un nombre de faits réellement moindre en proportion, ou un déficit d’information sur le numéro. (...)

Françoise Brié souligne que la mobilisation gouvernementale est un facteur important : « quand une personnalité politique parle de ce sujet, le nombre d’appels augmente ». Solidarité Femmes voit donc dans le Grenelle des violences conjugales une opportunité de communiquer sur son numéro d’aide aux victimes.

L’association a également émis une série de propositions sur quatre grands axes : améliorer la protection des victimes, assurer la répression pénale des auteurs, renforcer la coordination des acteurs et développer les actions de prévention, d’éducation et de formation.