
La Technopolice gagne nos supermarchés. Pour détecter des vols, Carrefour, Monoprix, Super U ou encore Franprix testent via leurs caméras de vidéosurveillance des logiciels d’analyses biométriques pour traquer nos moindres gestes.
Pendant que le combat continue pour faire interdire la surveillance dans nos rues, le secteur privé déploie discrètement ses dispositifs jusque dans les supermarchés. Afin de détecter de vols, Carrefour, Monoprix, Super U ou encore Franprix expérimentent des logiciels d’analyse biométrique pour surveiller nos moindres gestes dans leurs surfaces.
La crise sanitaire avait déjà libéré les velléités de surveillance biométrique des entreprises privées : caméras thermiques à l’entrée des entreprises, détection de distances physiques dans les bureaux, suivi de mouvement des yeux pour les examens d’université à distance…
Plusieurs entreprises françaises proposent maintenant de détecter automatiquement les vols en magasin « en temps-réel » grâce à des logiciels d’analyse biométrique directement branchés sur les caméras déjà présentes dans les magasins.
Les start-up françaises rêvent de surveillance généralisée (...)
En bref : un ensemble de dispositifs de surveillance et de suivi biométrique déployés en toute liberté et sans aucune information des personnes la subissant.
La grande distribution s’engouffre dans la surveillance biométrique
Le plus impressionnant est peut-être d’examiner la liste des clients des entreprises précitées et de se rendre compte que leur déploiement est déjà bien avancé. (...)
Protéger la rentabilité de la grande distribution avec la Technopolice
Aucune gêne ni chez les concepteurs des logiciels ni dans la grande distribution. Au contraire, comme le dit clairement la société Anaveo, l’objectif du déploiement de cette surveillance biométrique est de lutter contre la « démarque invisible » (comprendre, le vol à l’étalage), c’est d’« aider le secteur de la distribution à protéger son chiffre d’affaires »
Pire, pour le créateur de Veesion, la détresse sociale créée par la récente pandémie va provoquer des troubles sociaux, forçant les commerces « à investir davantage dans les solutions leur permettant de s’en prémunir ». Son entreprise devra alors être, selon lui, « à la hauteur des nouvelles exigences du retail physique », c’est-à-dire, à bien le suivre, développer les outils de la Technopolice pour protéger la grande distribution des populations pauvres poussées au vol par la crise sociale. Autant d’énergie et de ressources qui auraient pu venir en aide aux pauvres mais qui seront retournées contre eux.
Cette Technopolice privée ne se contente pas de reprendre les outils des États policiers – elle en adopte aussi l’idéologie et le vocabulaire. (...)
« on peut pas se fier aux clients, même fidèles ». C’est exactement sur cette idée du « tous suspects » que la surveillance de masse policière se fonde. (...)
De nouveau, l’action de la CNIL ne semble pas nous protéger de ces attaques. En juin 2020, l’autorité avait bien alerté qu’une grande partie des dispositifs de vidéosurveillance automatisée ne respectaient pas le cadre légal. Ce communiqué ne semble pourtant pas avoir mis fin aux dérives de l’industrie sécuritaire ou à la grande distribution, au contraire. Malgré la gravité de leurs dispositifs (détection et suivi biométrique), ces entreprises se vantent encore de leurs systèmes de surveillance sans qu’aucune sanction publique ne soit venue les arrêter (nous venons d’adresser à la CNIL, en même temps que cet article, une demande CADA sur ce sujet précis pour savoir si une enquête, ou équivalent, était en cours).
Notre combat contre la surveillance biométrique ne doit évidemment pas se limiter aux autorités publiques. (...)
Ce matin, @veesionoff a fait disparaître son onglet « Success Stories » où il affichait la liste des entreprises de la grande distribution ayant expérimenté son logiciel de vidéosurveillance biométrique
Heureusement il y @internetarchive :)https://t.co/wcZZ26bvxv https://t.co/AzA36KxcJM
— La Quadrature du Net (@laquadrature) June 1, 2021