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Mediapart
Victoire des chercheurs dans l’Opinion Gate
Article mis en ligne le 24 février 2011

Dans un jugement du 16 février 2011 qui fera date pour la liberté de la recherche et de la presse, le Tribunal de Grande Instance de Paris vient de débouter Patrick Buisson, conseiller de Nicolas Sarkozy, de son action en diffamation contre Alain Garrigou, Professeur de science politique à l’Université Paris Ouest - La Défense (Paris X) qui avait déclaré dans un entretien à Libération, à propos du conseiller (et des finances) de l’Élysée : « Soit c’est un escroc, soit c’est un petit soldat qui constitue un trésor de guerre... ».

(...) Cet échange entre Lilian Alemagna, journaliste à Libération et Alain Garrigou, chercheur spécialiste des sondages d’opinion, publié le 6 novembre 2009, avait été attaqué en diffamation quelques jours après par le conseiller élyséen et, quelques jours plus tard, l’Élysée bloquait toute possibilité de commission d’enquête parlementaire sur cette partie là de ses propres finances(...)

Par exemple, 8 000 euros pour un simple verbatim qui est censé faire une seule page ! C’est une vraie pompe à finances. L’Élysée défend le choix d’OpinionWay par Patrick Buisson [directeur de Publifact et conseiller du Président, ndlr] pour la rapidité des études Internet. Or, ils oublient de préciser que les sondages en ligne sont surtout réputés pour être moins chers ! Pourquoi l’Elysée paie beaucoup plus cher en passant par lui au lieu de les acheter à moindre prix directement ? Et pourquoi laisser Buisson se faire une marge de 900 000 euros sur son dos ? Soit c’est un escroc, soit c’est un petit soldat qui constitue un trésor de guerre pour payer des sondages durant la prochaine campagne électorale sans que ce soit visible dans les comptes de campagne du futur candidat Sarkozy. » (extrait de « Les sondeurs violent tous les principes déontologiques qu’ils défendent », Libération 6 novembre 2009)(...)

En fait, le verdict importait peu, l’important étant d’intimider les importuns et les médias, de faire taire ceux qui ont le courage de critiquer certaines pratiques douteuses." (« Golias-Hebdo », 21 février 2011)(...)

Dans cette politique d’intimidation que mène le pouvoir, l’attaque en diffamation est utilisée indépendamment de ce que sera le résultat de la procédure. De fait, on peut constater, dans cette affaire comme dans beaucoup d’autres, que la médiatisation initiale de l’attaque judiciaire demeure, à ce jour, très supérieure à celle de son échec. Le différentiel sert l’attaquant c’est à dire le pouvoir et son intérêt à faire taire les esprits critiques. Pour contrebalancer ce phénomène, il faut donc assurer la plus grande audience possible à cette victoire de la liberté du chercheur contre le conseiller du prince .(...)

La nouvelle association "Chercheurs sans frontières" qui vient d’être créée dans la dynamique cette affaire devrait favoriser la diffusion d’une culture de résistance à l’égard des tentations autoritaires qui sont celles de tous les pouvoirs, de tous les régimes sans exception, mais qui se radicalisent aujourd’hui en Europe notamment. La rencontre inaugurale de "Chercheurs sans frontières" aura lieu ce vendredi 25 février à l’Assemblée Nationale.(...)

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