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Vendredi 12 mars 2021. Dimitris Koufontinas est encore vivant. Dix ans après le mouvement des places, la Grèce commence à redescendre dans la rue pour une autre société
/Yannis Youlountas
Article mis en ligne le 13 mars 2021

Depuis, l’arrivée de Mitsotakis au pouvoir, le vieux quartier anarchiste a été frappé de plein fouet à de nombreuses reprises et s’est un peu affaibli. Oui mais, comme le montre la croissance fulgurante des autres quartiers tout autour, Exarcheia n’est plus seul, ou presque, à résister. Désormais, les petites tortues des alentours ont grandi : les quartiers de Panormou, Agia Paraskevi, Chalandri et bien sûr Nea Smyrni se soulèvent à leur tour, avec force et vigueur !

Cela fait des années que nous attendions cela. Et pour beaucoup d’entre nous, c’est très émouvant. Par le passé, nous nous sommes souvent dit qu’Exarcheia concentrait trop d’initiatives autogérées pas assez réparties dans la capitale, que nos forces n’étaient pas assez déployées, que tout miser sur ce quartier était un double risque : ne pas suffisamment essaimer en nous enfermant dans nos petites habitudes au pied de la colline de Strefi et, pire encore, offrir au pouvoir une cible unique pour frapper fort et cogner le cœur historique et stratégique du mouvement social athénien.

C’était sans compter sur la colère qui a envahi des milliers de personnes, jeunes et moins jeunes, depuis le 26 août 2019, date à laquelle Mitsotakis a lancé son offensive contre Exarcheia. Le spectacle télévisé des attaques de l’État contre le quartier, les images des violences policières sur Internet, la liste des évacuations de squats au fil des mois : tout ça a donné la rage, un désir de revanche et un sentiment de responsabilité quant à l’avenir de la lutte (...)

À l’heure actuelle, tous ces quartiers sont devenus le théâtre d’actions, d’appels, d’affrontements : quelque chose qui était plutôt réservé à Exarcheia jusqu’ici.

Ce soir, des réunions ont lieu un peu partout pour préparer les nombreux rassemblements de ce samedi et ce dimanche. Le but ? Compléter la démonstration de force populaire qui a commencé avec des grands espaces de paroles, d’assemblées, d’occupations, non pas pour disserter à l’infini sur ce qui ne va pas dans la société, mais pour agir ensemble concrètement et donner des impulsions puissantes aux projets de la base sociale. Libérer l’imaginaire et la parole révoltée pour bâtir ensemble les fondations d’une nouvelle société. (...)

La vie qui nous manquait depuis des mois, la vie qui s’était enfuie, non pas seulement à cause d’un virus mais aussi et surtout de son instrumentalisation politique par des gouvernements opportunistes et autoritaires, la vie dont nous rêvions la réinvention, cette vie n’est pas si loin à l’horizon. À condition d’être assez nombreux, assez ouverts, assez généreux, assez déterminés.

Ce n’est pas avec les vieilles recettes surannées que nous changerons la société. C’est en osant, en avançant vite, en prenant de vitesse le vieux monde en ruines qui n’en finit plus de mourir, en inventant sans cesse de nouveaux chemins de traverse.

Nous n’avons rien à perdre, le monde est déjà condamné, malade, à l’agonie. Et il n’y a qu’un vaccin contre cette catastrophe : la révolution sociale et libertaire.