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le Parisien
Variant indien : la crainte d’un cluster en zone d’attente à l’aéroport de Roissy
Article mis en ligne le 25 avril 2021

« Je ne suis pas payée pour aller travailler la peur au ventre, on a l’impression que le variant indien inquiète la planète mais pas la France ! » Au bout du fil, vendredi soir, l’inquiétude de cette salariée de la Croix-Rouge est palpable. L’association, mandatée pour intervenir auprès des étrangers en zone d’attente à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle (Val-d’Oise), a fait valoir son droit de retrait.

La « Zapi », comme on l’appelle aussi, est une zone à l’écart des pistes de l’aéroport, signalée par quelques panneaux. Les étrangers qui ne peuvent justifier de la régularité de leur entrée en France ou de la poursuite de leur trajet y sont maintenus, pour vingt jours maximum. Pendant cette durée, un juge des libertés et de la détention statue, dans un délai maximum de huit jours, sur les demandes de prolongation de la part du ministère de l’Intérieur. Les étrangers peuvent être libérés ou réacheminés dans le pays où ils ont pris l’avion, s’ils ne refusent pas d’embarquer.

Avec la troisième vague de Covid et la psychose des variants, la promiscuité de 120 personnes (pour une capacité maximum de 150), dont plusieurs dizaines de ressortissants indiens, l’inquiétude est à son comble. (...)

Vendredi, l’audience s’est terminée dans la nuit. C’était du jamais-vu : 52 dossiers, dont de nombreux ressortissants indiens, partis du Penjab pour beaucoup, des rêves d’Amérique en tête.

Jamais autant de ressortissants indiens n’avaient été recensés en Zapi. « Ils ont généralement un passeport authentique et cherchent à se rendre aux Etats-Unis, via le Mexique et le Salvador, et se heurtent, lorsqu’ils arrivent en transit à Roissy, depuis Moscou ou Dakar, à des refus d’embarquement, opposés par la compagnie aérienne ou les autorités étrangères. La pandémie et la réorganisation des flux aériens expliquent certainement cette nouveauté » (...)

Ces Indiens sont des adultes pour la plupart, parfois en couple avec de jeunes enfants, et peu désireux d’effectuer un test PCR. Car pour un étranger en sursis, un test négatif n’est pas qu’une bonne nouvelle. Cela peut s’apparenter aussi à un feu vert pour remonter dans l’avion, avec un retour à la case départ. Le dépistage n’est pas qu’un enjeu sanitaire. « Les passeurs leur disent de refuser les tests ! », s’inquiète un intervenant, qui redoute une « bombe sanitaire à retardement ». Etat d’urgence ou pas, aujourd’hui, personne ne peut être contraint à passer un test PCR.

Forcément, l’inquiétude concernant les conditions sanitaires en Zapi a redoublé avec l’apparition des variants, plus contagieux et à l’origine de formes encore plus sévères. (...)

Bien qu’une permanence médicale ait lieu sur place, beaucoup doutent ici de l’application de la maxime gouvernementale : « Tracer, isoler, protéger ».

Au-delà des craintes de cluster, se pose aussi la question des sortants, sans savoir s’ils sont porteurs Covid ou non. Dix-huit des cinquante-deux personnes passées devant le juge vendredi ont été libérées. (...)

Où sont partis ceux qui ont été libérés ? Aucun de nos interlocuteurs ne le sait, même si certains supposent qu’ils ont des points de chute en France. (...)

Les refus de prolongation de maintien en zone d’attente ne datent pas de la pandémie de Covid, rappelle le magistrat Philippe Damulot. « Ces refus sont souvent liés à des questions de procédure ou de conditions d’exercice des droits. Ils ne sont pas motivés par des questions sanitaires hors des cas individuels très particuliers et très rares », explique le juge. La préfecture peut prendre des arrêtés d’isolement. Aucun n’a en tout cas été pris vendredi. (...)