
ABROGATION DE SA CIRCULAIRE CONTRE LES SANS-PAPIERS !
La circulaire du ministre de l’intérieur datée du 28 novembre 2012, et portant « conditions d’examen des demandes d’admission au séjour déposées par des ressortissants étrangers en situation irrégulière dans le cadre des dispositions du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile » (CESEDA), est davantage qu’un monstre juridique. C’est le non-respect systématique de la loi par le pouvoir exécutif, et une atteinte grave aux attributions du parlement.
En vertu de cette circulaire préparée avec le concours de certains syndicats et associations dites
« de défense des droits des étrangers » , et adressée à tous les préfets de France pour leur « rappeler et préciser les critères permettant d’apprécier » les demandes d’admission au séjour, la voie royale de l’appréciation préfectorale passe désormais par les preuves de travail fournies par les sans-papiers demandeurs.
La « loi Pasqua » de 1993 a fait du travail en situation irrégulière un délit, en même temps que l’obtention de papiers en règle devenait un long calvaire. Son effet général a été de produire un type nouveau d’exploités, en poussant dans la clandestinité du travail au noir des centaines de milliers de travailleurs immigrés, au bénéfice des nouveaux négriers poussés en France comme des champignons à l’ombre de la loi. Ses dispositions sont toujours en vigueur ; contrées à différents moments par des « critères de régularisation » plus ou moins limités et temporaires mis en avant par des associations et aussi par des collectifs de sans-papiers, elles sont maintenant bouleversées de manière générale et permanente par les nouveaux critères introduits par la « circulaire Valls ».
Mais bouleversées comment, et avec quelles conséquences ? (...)
– Première conséquence de la circulaire : la généralité des sans-papiers travaillant en France depuis bien des années, souvent depuis des décennies, est mise, encore une fois et plus que jamais, dans l’impossibilité pure et simple de présenter une demande de séjour en règle. Avec, pour corollaire, une vulnérabilité accrue et une dégradation sans précédent des conditions de vie.
– Deuxième conséquence : l’incitation au faux. Ainsi que l’a si bien dit récemment un de nos sans-papiers, « cela nous pousse à faire de fausses cartes pour pouvoir faire de vraies déclarations » (la Voix des sans-papiers, n. 11).
– Troisième conséquence : la prime au travail illégal et à sa durée. (...)
– Quatrième conséquence : une espèce d’« amnistie » tacite administrative ; en fait, de prime d’exception aux pratiques collaborationnistes de certains syndicats. Et c’est alors l’État qui fait figure de délinquant : en édictant des dispositions administratives diamétralement opposées aux dispositions de loi.
Une circulaire ministérielle qui transforme en un droit ce qui est un délit pour la loi, sans abrogation préalable de celle-ci, et qui promulgue ainsi, de sa propre autorité, une nouvelle loi de fait, est davantage qu’un abus de pouvoir. C’est un délit politique, une atteinte directe à la démocratie telle qu’elle existe en France aujourd’hui.
Voilà les raisons de notre pétition. Démission du ministre ! Abrogation de sa circulaire !