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Universalisme ou ethnocentrisme ?
Islam et Etat en France : de la république coloniale à la république post-coloniale (Troisième partie)
Article mis en ligne le 2 août 2012
dernière modification le 30 juillet 2012

Issu de la Révolution de 1789, le modèle républicain français se réclame des idées des Lumières et des valeurs émancipatrices que sont la liberté, l’égalité et la fraternité. Si ce modèle a légitimé la colonisation, il est également à l’origine d’une certaine construction identitaire française. Ainsi partagé entre l’universel et le particulier, le modèle républicain français, davantage qu’un universalisme, s’avère être un ethnocentrisme [1].

Une des manifestations les plus marquantes de cet ethnocentrisme est celui des théories, débats et autres qui s’interrogent sur la compatibilité entre islam et République. Cette interrogation, qui n’a pas lieu d’être puisqu’aujourd’hui des centaines de milliers de musulmans vivent sous ce régime [2], révèle une conception ethnocentrée de ce qu’est le républicanisme.

Accusés de ne pas s’intégrer, les musulmans sont taxés de « communautarisme ». Cette accusation, qui nie la réciprocité du processus dialectique et le rôle fondamental du regard majoritaire qui fixe les identités « eux/nous » mérite que nous nous y arrêtions. Comme l’explique Laurent Levy :

« Si l’on peut discuter longuement de ce que l’on désigne par ce mot, « communautarisme », il demeure qu’il correspond à des réalités incertaines dans leur contours, dans leur substance, dans leur homogénéité – bref, que sa pertinence est discutable. Son rejet – le rejet du spectre – est par contre une réalité tangible, certaine, quotidienne, parfaitement identifiable, et donc en fin de compte bien plus riche de sens que le spectre lui-même. » [3]

C’est pourquoi, tout comme Laurent Lévy, « plus que le communautarisme, c’est l’anticommunautarisme qui nous retiendra ici. » [4] Cet anticommunautarisme, qui s’explique par une relation fantasmatique à la société française accusée de « multiculturalisme » ou encore de promouvoir l’existence de lobbies ethniques, se traduit par des appels répétés au « sursaut républicain et national » contre le communautarisme pour retrouver les valeurs de cohésion – liberté, laïcité... Le républicanisme, qui n’avait de sens que dans son opposition au monarchisme ou au féodalisme, se retrouve face à un nouvel adversaire : le communautarisme. (...)

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