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Collectif des associations Citoyennes
Union européenne : les droits humains plutôt que la concurrence et les banquiers !
Article mis en ligne le 6 mai 2019

Aujourd’hui, vue l’interpénétration et l’interdépendance qu’implique la construction européenne, les questions européennes sont des questions intérieures de chaque pays membre de l’Union européenne. Cette interdépendance touche énormément de secteurs de la vie d’un pays, agriculture, économie, droits fondamentaux, démocratie etc. Les domaines politiques dans lesquels l’Union européenne intervient sont de plus en plus nombreux : la monnaie ; la fiscalité ; la politique agricole ; la pêche en mer ; les traités de libres échanges ; la politique de concurrence ; la préparation des budgets des États membres ; les transports ; les services publics ; l’environnement ; l’industrie et les services ; l’énergie et la transition énergétique ; la protection des consommateurs ; l’aide au développement, les relations avec les pays « tiers », et un embryon de politique étrangère ; la politique migratoire ; le contrôle des frontières extérieures de l’UE.

Depuis l’entrée en vigueur des traités de Lisbonne, en raison de l’intégration de la Charte des droits fondamentaux de l’UE, celle-ci intervient aussi sur les droits fondamentaux.

Non seulement les affaires européennes sont des affaires intérieures pour les États membres, mais les affaires intérieures d’un État membre ont des répercussions sur les affaires intérieures des 27 autres États membres ; les affaires intérieures belges, tchèques, polonaises ou grecques, ont des répercussions en France, en Espagne, Portugal ou Roumanie...

Ces interdépendances compliquent considérablement les questions politiques de chaque pays de l’Union, car aucun, même le plus grand, ne peut à lui seul bouleverser les politiques communautaires, sans entraîner la plupart des autres. Pour modifier les rapports de force, il doit argumenter, convaincre, négocier, trouver des alliés. Le Conseil [Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement, et le Conseil des ministres] est bien évidemment un de ces lieux de négociation, mais le Parlement européen (PE) également. Comme co-législateur il doit se mettre d’accord avec le Conseil des ministres pour qu’un texte puisse être adopté, sa composition, qui résulte d’un mode d’élection à la proportionnelle intégrale, fait qu’aucun groupe politique n’est majoritaire. Par ailleurs les questions nationales viennent souvent se superposer aux positions partisanes, donc aucun groupe politique n’est homogène au sein du PE. La négociation y est donc permanente sur tous les sujets, et les majorités qui adoptent les textes se recomposent à chaque fois. Il n’y a pas au Parlement européen une majorité super-godillot comme actuellement à l’Assemblée nationale qui permet au gouvernement de faire adopter à peu près tout ce qu’il veut dans les conditions d’un système autoritaire, pour le moins (jupitérien).

Cela donne une importance non négligeable au Parlement européen (...)

l’Union européenne sert souvent de « bouc émissaire » pour les gouvernements qui ne souhaitent pas assumer leurs décisions quand ils les savent impopulaires, parce que l’Union européenne traverse une crise profonde qui est aussi une crise des États membres, parce que les rapports de force sont en faveur des oligarchies financières et des multinationales, qui imposent une politique tournée uniquement vers leurs intérêts qui est la cause des crises que traversent aussi bien l’UE que les États. Mais la propagande que nous subissons à chaque moment nous affirme que les politiques mises en œuvre sont les seules possibles (« There is no alternative » - le TINA de Madame Thatcher). Les politiques néolibérales, sont la cause première de la montée des partis et forces d’extrême droite en Europe. En cela, en France, les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont fait le lit du Front national (aujourd’hui le Rassemblement national),
celui d’ E. Macron poursuit cette voie en l’accentuant en prônant l’opposition entre « progressistes » et « nationalistes », en soutenant qu’entre lui et le Front national il n’y a plus rien et en accentuant les politiques néolibérales dans tous les domaines.

Les extrêmes droites sont au gouvernement dans plusieurs pays de l’UE, et aucun pays n’échappe à son emprise et à son développement (...)

le tournant dans la construction européenne est l’Acte Unique (trois traités) entré en vigueur en 1987, dont l’objet était de passer d’un marché commun, un marché permettant la circulation des marchandises sans droits de douane entre les États membres, mais dont l’organisation économique était nationale, à un marché unique sur l’ensemble du territoire des Communautés européennes avec la même réglementation et normalisation. Le saut qualitatif s’est fait à cette occasion. Le traité de Maastricht n’est que la suite logique de ce marché unique qui appelait « naturellement » une monnaie unique et une réglementation de plus en plus identique. Le principal « outil » dont disposait, de par les traités, les instances communautaires pour construire ce marché unique était et est toujours la concurrence, qui est donc devenue l’alfa et l’oméga de cette construction. Ce à quoi il faut ajouter dans cette période, l’hégémonie des thèses néolibérales (...)

Dans ces conditions, les politiques néolibérales, la rapacité capitaliste ont été mise en œuvre avec d’autant plus de violence que le système politique formellement concurrent au capitalisme s’est écroulé dans ces année-là. Le mur de Berlin est tombé en décembre 1989, et deux ans après l’Union Soviétique n’existait plus. Le capitalisme mondialisé, financier et multinational a cru avoir définitivement triomphé, et a poussé l’exploitation des peuples et de la nature le plus loin possible. (...)

il n’y a aucun parti politique qui ait une politique européenne, tous sont ballottés au gré de l’actualité, et tous sont traversés de contradictions et de divisions sur la question européenne. Aucun n’a de stratégie réellement européenne sur le long terme, tous se réveillent à l’approche des élections au PE et constituent des « alliances » avec des partis d’autres pays de l’UE, « alliances » conjoncturelles sans contenu permettant une politique au niveau européen dans la durée, très vite les questions « nationales » reprennent le dessus.

De plus, le plus souvent, chacun projette sa conception nationale de la politique, de la démocratie, et des institutions sur l’Union européenne, alors que la mise en commun, l’interdépendance exigent des efforts d’acculturation, et conceptuels très importants pour comprendre l’autre (les autres). Les élargissement successifs, et surtout les derniers depuis 2004 portant l’UE à 28 États, ont beaucoup compliqué les possibilités d’accord, les différences culturelles, économiques, sociales, géographiques, climatiques s’en sont trouvées considérablement élargies. Dans ces conditions il n’est pas étonnant que les politiques néolibérales apparaissent comme les seules possibles compte tenu de l’idéologie dominante et des forces politiques réactionnaires majoritairement aux
gouvernements dans les États membres. Il n’est pas étonnant non plus que chaque pays réagisse différemment selon les circonstances et que toutes les démagogies soient possibles (...)

Pourtant tous ces gouvernements sont issus du suffrage universel. C’est donc au niveau des peuples, des sociétés civiles qu’il faut travailler le projet européen.

La question du projet européen et des politiques qui le traduisent sont bien essentiels, car les européens souhaitent très majoritairement (y compris en France), les enquêtes d’opinion de l’eurobaromètre le montrent poursuivre la construction européenne ayant bien conscience que dans ce monde globalisé, l’union fait la force, mais ils veulent des politiques plus solidaires, plus sociales, plus écologiques, plus de démocratie.

Que peuvent faire les associations citoyennes ?
1) S’organiser pour agir à tous ces niveaux en mutualisant les moyens, en travaillant ensemble les questions européennes, car le sujet est monstrueux, pour y acquérir une connaissance qui fait encore trop défaut ;
2) Informer et former les militants associatifs, bénévoles, mais aussi les salariés des associations ;
3) Travailler sur le projet européen, son sens, son objet, ne pas rester dans des slogans et dans l’approximation ;
4) Travailler sur les politiques communautaires et dans l’immédiat sur les marges qu’offrent les textes actuels (traités, législation et jurisprudence) pour faire différemment, remettre la concurrence à sa place, développer les services publics, les solidarités...
(...)