
Samedi 24 avril, une voie a littéralement jaillit du poste. Cela arrive quelquefois. Cette voix, c’était celle d’un invité de Stephane Paoli sur France-Inter. Elle était claire, déterminée. Elle tranchait- subitement avec les ronrons habituels, les palinodies narcissiques sur la marche du monde ou les points de vue politiques chafoins. Une bourrasque de jeunesse et de révolte sembla balayer ce matin-là le studio. Un vrai coup de jeune. Et une leçon. ..
Coup de jeune ? l’invité au discours si vif n’était autre que Stephane Hessel. Né en Octobre 1917, il aura donc 93 ans l’automne prochain. Or, c’est peu de dire que Hessel est resté un modèle de vitalité combative. Déporté à Buchenwald puis à Dora, co-rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, ambassadeur de France et militant de tous les combats essentiels, il habitait ce matin l’entièreté du studio de France-Inter. Un silence subit paraissait l’entourer....
...D’abord, nous dit-il, les iniquités contemporaines et la folie du système nous font de l’indignation un devoir. ...
Aux yeux de Stephane Hessel, cependant, l’indignation n’est pas suffisante. Il reste à positionner notre colère. Les mutations du nouveau siècle, la transformation de fond en comble du paysage politique, historique et anthropologique, nous invitent à un sacré effort de discernement. Soyons têtu à ce sujet....
... On entendait ce matin-là, un homme debout.