
L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a également porté plainte contre M. Lallement, pour la troisième fois en deux mois, pour « violences volontaires aggravées contre une photojournaliste indépendante » lors de la « marche des libertés » du 5 décembre. (...)
Plusieurs associations, syndicats et élus avaient dénoncé des « arrestations arbitraires » à la suite de l’interpellation de 150 manifestants, parmi lesquels au moins deux journalistes. Parmi les 124 personnes qui avaient fait l’objet d’une garde à vue, près de cent avaient vu la procédure les visant être classée sans suite, dont près de la moitié après un rappel à la loi.
Dans leurs plaintes, dont l’Agence France-Presse (AFP) a eu copie, ces manifestants estiment que « le caractère systématique des interpellations sans raison dans le cadre de bonds offensifs [effectués par les forces de l’ordre, qui fondent ainsi sur des manifestants], eux-mêmes non légitimes, permet de penser que l’utilisation de cette technique résulte d’ordres donnés par l’autorité civile de commandement en complicité avec le procureur de la République » de Paris.
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Ils portent donc plainte auprès de ce même procureur contre X et contre le préfet de police de Paris pour diverses infractions, parmi lesquelles « entrave à la liberté de manifestation », « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique », « dénonciation calomnieuse » ou encore « faux en écriture publique ».
Ils rappellent que la manifestation, déclarée, avait fait l’objet d’un dispositif policier de grande ampleur, annoncé comme visant à interpeller toute personne soupçonnée de vouloir constituer un « bloc ».
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Des charges et des interpellations « au hasard »
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Parmi ces huit interpellés plaignants, âgés entre 21 et 50 ans et provenant de toute la France, sept affirment avoir été relâchés sans poursuites. Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé le dernier.
Au moins sept autres plaintes de manifestants doivent être déposées prochainement, selon M. Alimi. Le décalage entre le nombre d’interpellations et les poursuites effectivement engagées fait régulièrement l’objet de critiques de la part des défenseurs des libertés publiques comme de policiers, mais pour des raisons opposées.
RSF dépose une troisième plainte contre Didier Lallement
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RSF a également porté plainte contre X, comme la journaliste blessée, « qui collabore régulièrement avec une agence de presse française » et préfère rester anonyme « par peur des représailles de la police », fait savoir l’ONG, qui a transmis un certificat de dépôt de plainte. Selon RSF, la photoreporter a été « agressée par les forces de l’ordre » alors qu’elle couvrait la manifestation parisienne contre la proposition de loi « sécurité globale ».
« La journaliste s’est déplacée dans le sens de la foule pour laisser place à une charge de police », rapporte RSF. « Malgré cette précaution et son brassard presse bien visible, une grenade de désencerclement a atterri à ses pieds, puis une balle de LBD [lanceur de balles de défense] tirée à moins de 10 mètres a touché son avant-bras droit, provoquant un large hématome et une paresthésie [trouble du toucher] de la main » et nécessitant « un suivi médical », ajoute l’ONG.
« Déjà victime de deux autres tirs de LBD ces deux dernières années », la journaliste « a fait un signalement » auprès de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), précise RSF. « La récurrence des violences contre les journalistes couvrant les manifestations en France et la quasi-routinisation de ces atteintes à la liberté de la presse ont de quoi inquiéter », a déclaré le responsable du bureau UE-Balkans de RSF, Pavol Szalai, cité dans le communiqué.
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De nouvelles manifestations sont prévues les 16 et 30 janvier par la coordination Stop loi sécurité globale ; l’article 24 de cette proposition de loi, notamment, est très critiqué par les syndicats de journalistes. (...)