Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le Monolecte
Une certaine vision du monde
Article mis en ligne le 27 octobre 2015
dernière modification le 23 octobre 2015

Cela fait tellement longtemps que l’on reproche aux gauchistes de tous poils de ne savoir que critiquer et ne jamais rien proposer à la place, que j’ai fini par me dire qu’il y avait peut-être un fond de vérité à cette assertionEn gros, je me suis dit qu’il était temps de sortir du carcan de la pensée unique et d’aller voir de l’autre côté du miroir si j’y suis

Petit coup d’œil en arrivant à la salle bien remplie d’une grosse centaine de personnes. Profil sociologique standard : essentiellement des hommes, pratiquement que des vieux, uniquement des blancs et visiblement plutôt des bourgeois. Sur l’estrade des intervenants, la brochette habituelle des orateurs en costard blanchis par une trop longue exposition au pouvoir. J’ai l’impression d’être une mouche à merde dans l’assiette de caviar. Mais voilà, on est ici pour parler du développement territorial d’une zone enclavée et forcément, ça m’intéresse. Enfin, parler… on est surtout là pour écouter. (...)

dans cette salle se concentre à peu près tout ce qui a du pouvoir, de l’influence et de l’argent à 100 kilomètres à la ronde. Les forces vives de la nation. Celles qui prétendent mieux savoir que tous les autres ce qui est bon.
Pour qui, c’est une autre question.

Je nourris de grands espoirs sur l’intervention de cet ami de la terre quand il commence par annoncer qu’il a lu Fabrice Nicolino avant d’entrer dans l’arène. Espoir bien vite avorté, car le ton est immédiatement donné, en agitant quelques feuilles censées contenir le dernier article de notre ami journaliste et qui sont commentées en ces termes :

Ceci est un résumé de toutes les âneries qu’on peut entendre sur l’agriculture. C’est fabuleux de connerie !

Monsieur Je n’aime vraiment pas Nicolino n’est pas n’importe qui. Il préside l’une de ces coopératives agricoles qui règnent aujourd’hui sur de petits empires financiers. Au départ créées autour de regroupements d’agriculteurs qui voulaient mutualiser leurs moyens et surtout peser dans les négociations avec la distribution et les marchés, les coopératives agricoles ont suivi la trajectoire habituelle des entités capitalistes : grossir, se diversifier, se bouffer entre elles et devenir quelque chose de tout à fait différent de ce qui était prévu au départ. La petite machine de guerre que représente l’orateur pèse actuellement plus de 5000 emplois et 1,5 mrd € de CA. Une paille que le monsieur résume rapidement : l’agroalimentaire est le premier employeur du sud-ouest et aussi le « parent pauvre » des politiques publiques. Mais c’est surtout que les agriculteurs sont victimes des blocages idéologiques de la société.

Il cite en exemple la résistance des consommateurs aux OGM, ces grands bienfaiteurs de l’humanité — partout, sauf en France — et nous en livre une variable explicative pour le moins inattendue :

Pourquoi les OGM ne marchent pas en France ? Parce que ce sont les femmes qui font les courses. Et que les femmes sont des mères. Et qu’elles refusent de donner des OGM à leurs enfants ! Le monde entier fait de l’OGM, sauf nous !

Parce qu’il y a comme un flottement dans l’hémicycle, il se dépêche d’ajouter : « Bien sûr, je caricature un peu ! »
Il doit caricaturer encore un peu quand, en sortant à la fin de la conférence, je l’entends commenter de la sorte une discussion autour de l’impossibilité du modèle agricole paysan — modèle qu’il a pourtant fait semblant de défendre à la tribune, comme « complément naturel » de l’agriculture industrielle qu’il appelle de tous ses vœux :

Faut leur dire aux jeunes agriculteurs que l’exploitation familiale, ça ne peut pas marcher : à tous les coups, le paysan finit cocu ou divorcé et même plus surement cocu et divorcé !

Là aussi, on voit bien qui est la fossoyeuse de l’agriculture française sévèrement burnée.
Principe de précaution et modèle industriel

Autre cible de prédilection de monsieur Coopérative : le principe de précaution qui est « un couperet » et qui « empêche de faire quoi que ce soit ».

Un autre orateur brodera plus tard sur ce thème :

  • Le principe de précaution est une erreur sémantique des textes.
  • Par construction, tu dois agir, sachant que tu ne sais pas.
  • Si on ne sait pas et qu’on s’arrête, c’est un principe d’inaction, un principe mortifère, et ça nous tue.
  • Si on ne fait pas, on fait du chômage.

Ensuite, tout le monde y passe. Il trouve « baroques » les jachères où l’on est « payé pour ne pas travailler et faire pousser des pelouses ! »

Le Grenelle de l’environnement, qui ne se distingue ni à droite ni à gauche, est caractéristique de gens qui n’y entendent rien à l’agriculture (...)