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Un putsch échoue, le Venezuela s’enflamme
Article mis en ligne le 2 mai 2019

Peu de militaires ont répondu mardi à l’appel de Juan Guaido pour renverser le président Maduro. Mais la rue a été le théâtre de violents affrontements.

Le 30 avril 2019 restera dans les mémoires de Vénézuéliens. Une tentative de coup d’Etat militaire sous la conduite du chef de l’opposition Juan Guaidó a mis le pays sous tension dès l’aurore. Au fil de la journée, l’immense majorité des militaires faisant allégeance au chef de l’Etat Nicolás Maduro, l’ancien président de l’Assemblée nationale (AN) a dû changer de stratégie et appeler à un soulèvement populaire. Toute la journée, des affrontements ont opposé mutins, insurgés, forces de l’ordre et militants chavistes, faisant des dizaines de blessés.

Le coup de force a débuté vers 5 h (11h en Suisse), lorsque Juan Guaidó, autoproclamé président par intérim depuis le 23 janvier dernier avec le soutien des Etats-Unis et d’une cinquantaine de pays, décrète sur twitter « la fin de l’usurpation » du pouvoir par Nicolás Maduro et lance la « phase finale de l’Opération Liberté ». Il dit alors se trouver au côté des « principales unités de notre Force armée ». (...)

Une affirmation rapidement démentie par le président de l’Assemblée constituante, Diosdado Cabello, qui minimise le coup de force. (...)

M. Cabello souligne qu’aucune installation militaire n’est passée sous le contrôle des putschistes. Une information qui sera confirmée par de nombreux témoins, bien que des incursions au sein de la base militaire de La Carlota ont bel et bien eu lieu.

Se disant confiant de pouvoir réduire rapidement les mutins, le même Diosdado Cabello lance tout de même un appel à la mobilisation populaire. Des milliers de chavistes convergent alors vers le Palais présidentiel de Miraflores.

Pendant ce temps, Nicolás Maduro brille par son absence publique. Seule entorse, un tweet posté vers 10 h (16h en Suisse). Le président y affirme avoir le soutien de l’ensemble des chefs des Forces armées.
Un blindé fonce sur la foule

De fait, à la mi-journée, malgré les appels réitérés de M. Guaidó et de ses soutiens internationaux à la rébellion militaire, le seul signe tangible de “l’Opération Liberté” demeure le rassemblement de quelques centaines d’opposants et de dizaines d’hommes en uniforme, une soixantaine selon les autorités, près de la caserne caraqueña de La Carlota, sur l’autoroute Francisco Fajardo, où des affrontements ont éclaté. Les mutins font usage de leurs armes à plusieurs reprises contre la caserne. Un officier loyaliste est blessé par balles.

Vers midi, un blindé de la Garde nationale fonce sur des protestataires qui attaquaient un second véhicule de l’armée. Faisant semble-t-il des blessés. (...)

En fin de matinée, le coup d’Etat semble s’enliser et les deux hommes quittent les abords de la caserne. Guaidó et López se replient dans le quartier huppé d’Altamira sous les vivats de leurs sympathisants. Sur les réseaux sociaux, leurs appels se tournent désormais vers les civils autour du hashtag : #TodaVenezuelaAlacalle (Tout le Venezuela dans la rue).
Des militaires rebelles se rendent

Selon les autorités vénézuéliennes, nombre de militaires rebelles abandonnent à ce moment leur position autour de la caserne La Carlota. Certains se seraient rendus, arguant avoir été trompés sur l’objectif de l’opération. D’autres mutins, reconnaissables à leur ruban bleu, demeurent toutefois aux côtés des chefs de l’opposition.

Signe que le coup de force est en train d’échouer, le Chili confirme en milieu d’après-midi que Leopoldo López et sa famille ont trouvé refuge dans son ambassade de Caracas. Des rumeurs font état de la présence de Juan Guaidó à leurs côtés. Une vingtaine de putschistes se réfugient, eux, dans la légation brésilienne.

A l’instar de la plupart de leurs voisins sud-américains, ces deux pays ont ouvertement soutenu l’appel au renversement de M. Maduro. De même que Washington qui, tout au long de la journée, a promis immunité pour les militaires qui passeraient dans le camp de l’opposition et les pires châtiments pour ceux qui resteraient loyaux au gouvernement. (...)

L’Union européenne et l’ONU ont, elles, incité à la modération.