
Un revenu égal pour tous d’un côté, un revenu maximal de l’autre : voilà la vision économique exprimée par des partisans de la décroissance dans cet ouvrage qui ne vise rien moins qu’à bouleverser la société. Il est peu probable qu’il y parvienne rapidement, mais la vision présentée est si radicalement opposée aux dogmes dominants qu’elle en devient diablement intéressante.
Ecrit par divers "objecteurs de croissance", le livre rappelle d’abord les fondamentaux de la théorie de la décroissance. Les auteurs soulignent avec un brin d’ironie que le terme même de décroissance, malgré ses imperfections, est, "contrairement à celui de développement durable, difficilement récupérable par la société de croissance".
Ils soulignent qu’alors que "la mythologie de la ’Croissance’ veut que l’augmentation du produit intérieur brut [PIB] fasse baisser le chômage (...), depuis quarante ans, si le PIB a augmenté régulièrement, le taux de chômage s’est accru pour stagner autour de 10 %". (...)
"il ne s’agit pas de choisir entre ’croissance’ ou ’décroissance’, mais bien entre une ’décroissance volontaire et démocratique’ et une ’récession subie et oligarchique’".
Comment, alors, mettre en oeuvre l’économie en état stable (steady state economy) théorisée par l’économiste américain Herman Daly ? En organisant le couplage entre le revenu maximum acceptable (RMA) - puisque "la première décroissance doit être celle des inégalités" - et la dotation inconditionnelle d’autonomie (DIA), "versée à toutes et tous de manière égale de la naissance à la mort, afin de garantir un niveau de vie décent et déconnecté de l’occupation d’un emploi".
Il ne s’agit pas là d’une simple redistribution, mais de la réorganisation du système économique. (...)
La condition pour réussir cette transformation radicale de l’économie est « une forte adhésion de tous et une participation à cette volonté de changement ». Pour le moins... Mais il faut bien commencer un jour, et ce petit livre stimulant y contribue incontestablement. (...)