
Sans réforme en profondeur du système politique et de la structure économique, la Jordanie, comme d’autres pays de la région, restera exposée au potentiel d’une nouvelle révolution, en dépit des milliards injectés par les pétromonarchies du Golfe.
Pendant près d’une semaine, début juin, des images en provenance de la Jordanie ont fait ressurgir le souvenir des printemps arabes et du renversement par la rue de plusieurs régimes politiques, rappelant par ailleurs la persistance d’un malaise parmi les populations de la région qui couve encore sous la cendre sept ans plus tard.
Médecins, avocats, enseignants ou entrepreneurs, ils étaient des milliers chaque soir à battre le pavé pour dénoncer un projet de loi fiscale qu’ils considèrent comme injuste. En dépit des appels au calme, la rue n’a pas décoléré, un phénomène inédit depuis les révoltes de 2011, qui avaient secoué dans une timide ampleur le Royaume hachémite sans toutefois mener à la chute de sa monarchie.(...)
Mais ces manifestations –signe d’un changement des temps dans un pays où la tradition démocratique est quasi-inexistante– sont au-delà de la question ponctuelle des réformes fiscales, l’expression d’un malaise plus profond toujours non résolu depuis les printemps arabes, aussi bien en Jordanie qu’ailleurs au Moyen-Orient et en Afrique du nord.(...)
Des réformes sociales trop timides
En sept ans, le Roi Abdallah II a procédé à certaines réformes politiques et économiques mais celles-ci sont restées insuffisantes pour enclencher une réelle transition démocratique et développementale, dont le pays, à l’instar de ses pairs arabes, a cruellement besoin.(...)
La lutte proactive contre le chômage, la pauvreté, les inégalités, a été écartée au nom de la « restructuration financière » imposée quasi-systématiquement par le FMI aux pays qui lui sont redevables.(...)
Les aides du Golfe, une perfusion à but politique(...)
Ce dont la Jordanie a besoin –aujourd’hui plus que jamais– tout comme les autres pays de la région, est un nouveau contrat social basé essentiellement sur le respect des libertés, l’alternance au pouvoir, l’emploi, la justice sociale et l’éradication d’une corruption endémique. (...)