
Il y a deux semaines, RSF ouvrait un centre pour la liberté de la presse à Lviv, en Ukraine.
À l’occasion du passage du #BusRSF pour le droit à l’information à Toulouse, ce mercredi 30 mars, nous avons rencontré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. L’occasion aussi d’échanger sur la situation des journalistes en Ukraine aujourd’hui. Cinq ont été tués depuis le début du conflit.
D’où est venue l’idée de ce centre de la liberté de la presse à Lviv en Ukraine ?
Les journalistes sur place, notamment les journalistes ukrainiens manquent de formations et de matériels de protection. Il faut leur en fournir dans l’urgence car ils sont devenus des reporters qui couvrent des guerres alors que ce n’était pas prévu. On a recruté quelqu’un sur place, on a annoncé la création de ce centre, et on a travaillé dur pour trouver des casques et des gilets par balle (...)
Ensuite, il faut leur faire passer les frontières, les distribuer aux bonnes personnes, financer tout ça. Ça a été un boulot monstrueux. On a ouvert le centre le 11 mars dernier. Ça se passe bien, il y a des formations, on a fait plusieurs livraisons de casques et de gilets par balle.
Quelle est la situation des journalistes internationaux et ukrainiens aujourd’hui en Ukraine ?
Elle est extrêmement difficile. Les journalistes ont été, on l’a vu à maintes reprises, délibérément ciblés. Il y a un enjeu qui n’est pas inédit, mais dont l’intensité est inédite, qui est la question des guerres de l’information, que l’on devrait plutôt appeler guerres de la propagande.
De quoi s’agit-il ?
Ce sont des formes d’armement médiatique où des États développent un arsenal médiatique qui ne vise pas simplement à défendre, à promouvoir une vision du pays, mais à affaiblir l’adversaire par la propagation de fausses informations, ou par le montage en épingle de certains faits vrais mais tellement isolés que ça finit par distordre totalement la réalité. (...)
Les journalistes sont donc considérés comme des témoins gênants car ils représentent une forme de filtre. Ils peuvent remettre en cause le discours de soi sur soi, et quand le discours de soi sur soi est tenu par un belligérant, il n’a pas intérêt à avoir de journalistes, d’où ce nouveau risque. Ce ne sont pas simplement les risques du métier. (...)