(...) Assurément, la participation des femmes et des filles dans le domaine du sport s’est accrue au cours des 25 dernières années, et nombres de ligues professionnelles féminines sont apparues depuis 1989. Il y a également eu une formidable croissance de l’intérêt et du nombre de supporters des sports féminins au cours du dernier quart de siècle.
Malheureusement, d’après une enquête publiée récemment dans Communication & Sport, menée par mes collègues de l’Université de Californie du Sud Mike Messner, Michela Musto et moi-même, les informations télévisées n’ont consacré que 2 à 3 misérables pour cent de leur temps d’antenne aux sports féminins en 2014. Et, de fait, on est en dessous des 5 pour cent consacrés aux sports féminins en 1989. D’après nos données sur l’année 2014, sur les 934 sujets diffusés sur les antennes locales des chaînes de télé de Los Angeles de notre échantillon (soit plus de 12 heures d’antenne), 880 étaient consacrés aux sports masculins (approximativement 11 heures trente) et seulement 32 sujets, soit à peu près 23 minutes, aux sports féminins. (Le temps restant était consacré à des sports « non genrés » tels que le marathon ou les sports de loisirs). Les chiffres pour l’émission « SportsCenter » de la chaîne ESPN étaient du même ordre. (...)
Les sports masculins, particulièrement les « Trois grands » (le football américain, le basketball et le baseball masculins professionnels et universitaires), continuent de monopoliser le temps d’antenne, avec 75 pour cent du total de notre échantillon de 2014, et ont droit de cité y compris hors saison (...)
Tandis que la couverture est restée faible en termes quantitatifs sur les 25 ans de la durée de l’étude, nous avons observé une évolution positive, une tendance qui a émergé dans notre échantillon de 2009 et qui persiste aujourd’hui, à savoir l’absence de sexualisation des athlètes féminines. Malheureusement, cette tendance « positive » dans la qualité du traitement s’est accompagnée d’un déclin quantitatif de la couverture des sports féminins. Il semblerait que les médias d’information soient devenus plus regardants quant à l’usage d’un sexisme exacerbé dans les commentaires, nous l’espérons en partie grâce à nos recherches.
« Si vous n’avez rien de mieux à faire, allez-y »
Pourtant, lors des rares occasions où les médias d’informations sportives couvrent effectivement les sports féminins, ces sujets sont traités de façon terne, sans enthousiasme, se limitant à une exposition des faits (...)
Cette approche de type « si vous n’avez rien de mieux à faire » s’inscrit à l’exact opposé de l’enthousiasme et de l’excitation qui accompagnent les échanges portant sur les sports masculins. (...)
Lors des rares occasions où les médias d’information appliquaient les mêmes standards élevés de production et de qualité de commentaires aux sports féminins, ces sujets soulignaient dans la plupart des cas le double rôle d’athlète et de mère. (...) Il semblerait qu’aux yeux des informations sportives, les options de représentations des athlètes féminines se limitent au rôle d’objet sexuel, de mère, ou d’absence de représentation. (...)
Voici ce que je voudrais dire : la couverture médiatique du sport est importante. Les médias d’information sur le sport ne nous informent pas simplement des principaux événements dans le monde du sport, ils sont une institution puissante qui construit activement et entretient l’intérêt et les publics pour les sports masculins. Le silence des médias sur les sports féminins retarde la croissance dans la construction des publics et des supporters pour les sports féminins. Cela a des implications dans les relations de genre dans notre société. (...)