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l’Humanité
Turquie. Rojbin Çetin, élue kurde, torturée et toujours emprisonnée
Article mis en ligne le 17 juillet 2020

Co-maire d’Edremit, un arrondissement de la ville de Van, située sur les rives du fleuve du même nom et à majorité kurde, Rojbin Çetin se trouvait chez elle, à Amed (Diyarbakir), ce 26 juin, lorsqu’une centaine d’hommes, dont certains cagoulés, ont encerclé son immeuble tout en menaçant toute personne mettant le nez à la fenêtre ou tentant de quitter les lieux. Une dizaine d’autres sont montés jusqu’à son appartement et ont défoncé sa porte. Le cauchemar commençait pour cette élue membre du DÖKH (Mouvement démocratique des femmes libres) – qui s’inscrit dans le cadre du protocole d’Istanbul (1) – et du Parti démocratique des peuples (HDP).La brigade d’intervention spéciale de la police (PÖH), structure chargée spécialement de la répression politique, s’est alors déchaînée contre la jeune femme, qui ne pouvait déjà plus exercer son mandat, la municipalité de Van ayant été mise sous tutelle par le préfet de région, mécontent du vote des électeurs qui avaient placé le HDP en tête du scrutin. De nombreux parlementaires de ce parti ont d’ailleurs été arrêtés et/ou démis de leurs fonctions et la plupart des municipalités « démissionnées ».

Sous prétexte de « perquisition », ils ont d’abord lâché leurs chiens sur Rojbin Çetin, qui a été mordue aux jambes. Alors qu’elle était à terre, elle a été violemment frappée au visage. Ces policiers l’ont alors déshabillée, lui ont bandé les yeux puis l’ont menottée, mains dans le dos. Ils ont ensuite entrepris de prendre des photos d’elle, nue, et menacée de viol.

(...) Le 22 mai, la police a violemment perquisitionné plusieurs domiciles et arrêté 18 personnes à Diyarbakir – 13 femmes et 5 hommes. Cette opération visait principalement les femmes politiques kurdes et les activistes de l’Association des femmes Rosa (RKD), du Mouvement des femmes libres (TJA), du Parti démocratique des régions (DBP) et du HDP. La police a également fait une descente au siège de la RKD et saisi les documents de l’association en l’absence de ses avocats. La RKD a été créée après que toutes les organisations de femmes de Diyarbakir ont été interdites et fermées sous le régime d’état d’urgence en 2016. C’était la seule organisation de la ville engagée dans le soutien aux femmes et la lutte contre les violences envers les femmes. Une activité intolérable pour le président turc, Recep Tayyip Erdogan. La Turquie compte près de 2 000 détenus politiques dont 470 sont dans un état grave.

Le pouvoir central, en guerre contre la population kurde de Turquie, sous prétexte de lutte contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), fait feu de tout bois pour réprimer et punir la population.
(...)

des délégations ont demandé à être reçues par la direction provinciale de la santé et par le ministère. Elles ont essuyé un refus. Les rares mairies dirigées par le HDP encore en place ont alors imprimé des affiches en kurde pour informer la population des consignes à respecter mais, sous la menace, elles ont dû arrêter cette campagne. Sous l’impulsion des militants kurdes, les commerçants ont alors fermé leurs boutiques pour éviter la propagation du virus : ils ont été forcés de rouvrir leurs boutiques.

Rojbin Çelin est aujourd’hui emprisonnée. Maintenue en garde à vue pendant 11 jours, elle a été inculpée et incarcérée pour « appartenance à une organisation terroriste ».