Le Tribunal du Kef a rendu mercredi le premier verdict dans l’affaire des « martyrs de la Révolution », notamment pour Thala et Kasserine où 21 manifestants étaient tombés sous les balles des forces de l’ordre l’an dernier. Un verdict jugé beaucoup trop clément par les familles des victimes.
Le président Ben Ali (déjà condamné à vingt ans le matin-même) a été condamné par contumace à perpétuité pour complicités d’homicides volontaires. Mais l’essentiel de l’attention était tournée vers le sort réservé aux responsables politiques et opérationnels, toujours présents en Tunisie. Or les principaux cadres des forces de l’ordre ont été acquittés (...)
Dès l’annonce des verdicts, des troubles ont déjà commencé à Kasserine ou des pneus étaient incendiés devant l’ancien local du RCD, l’ancien parti au pouvoir.
Des réparations allant de 10 000 à 40 000 dinars (5 000 à 20 000 euros), et même de 110 000 dinars pour les familles comptant plusieurs victimes ont été allouées aux plaignants. Une réparation jugée indécente par Helmi Chniti :
« Nous ne voulons pas vendre le sang de nos frères. » (...)
Me Chaffereddine Kellil, l’un des avocats des familles de victimes, estime que le tribunal n’a pas respecté l’esprit de la loi et rendu un jugement de circonstances :
« La cour est tombée dans le piège de la conciliation en prenant en compte le poids des accusés, le contexte politique et les pressions de l’appareil sécuritaire. Les familles pesaient beaucoup moins lourd dans la balance. (...)