
(...) 31 décembre 2010, très tôt dans la matinée, tous les tribunaux du pays ont été assiégés par la police. Les avocats étaient mobilisés pour porter un brassard rouge à l’appel du conseil national de l’Ordre en signe de soutien au mouvement de protestation de sidi Bouzid qui ont éclaté le 18 décembre dernier et qui ont été violemment réprimés, entraînant trois morts par balles et de nombreux blessés.
Les autorités ont empêché les avocats d’arriver aux sièges des tribunaux. Des centaines de policiers ont également été déployés à l’intérieur des tribunaux pour empêcher toute action de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid et tout port du brassard. Les procureurs ont observé les violences contre les avocats à l’intérieur des salles d’audiences et dans l’enceinte des palais de justice dans plusieurs villes du pays, sans réagir.
De nombreux avocats ont ainsi été agressés, blessés et leurs robes déchirées notamment dans les tribunaux de Gafsa, Jendouba, Mahdia, Monastir, Sousse, Sfax, Bizerte et surtout Tunis.
(...) Le conseil national des libertés en Tunisie
– Note avec inquiétude la recrudescence des exactions à l’encontre des avocats qui vont jusqu’à la menace de mort en passant par les agressions physiques ;
– Il lance un appel à tous les militants des droits de l’homme à l’intérieur comme de l’extérieur du pays, pour exprimer leur solidarité et condamner ces agissements sauvages d’un pourvoir irrespectueux des lois.
– Il fait assumer la responsabilité de toutes ces exactions et de toutes ces violations des droits de l’homme au président de la République, garant de l’application des lois, et à son ministre de l’Intérieur qui a donné des
instructions pour atteindre à l’intégrité physique des avocats de Tunisie.
– Il rappelle que ces exactions font suite au discours chargé de mises en garde que Ben Ali a prononcé le 28 décembre 2010, et où il a menacé le peuple tunisien de « l’application de la loi d’une façon intransigeante » ; Le CNLT se demande si, aux yeux du chef de l’Etat, l’application de la loi consiste à violer l’immunité de l’institution judiciaire et à lâcher des bandes de flics sans foi ni loi sur les citoyens ? (...)