
Trou noir de l’information, la Libye est devenue un des pays les plus dangereux du monde pour les journalistes. Sous la menace constante des groupes armés, la plupart n’ont d’autre solution que rejoindre les derniers médias défendant l’un des camps rivaux. Le journalisme indépendant, né avec la révolution de 2011, n’a pas disparu pour autant. Il s’est déplacé chez le voisin tunisien. Reportage.
Au milieu d’un quartier d’affaires de Tunis ponctué de centres commerciaux impersonnels, les studios de Tabadul (échange) ont choisi la discrétion. Le premier étage d’un modeste bâtiment cubique blanc sans logo ni drapeau abrite deux des sites les plus populaires en Libye. Dans l’open space, une dizaine de journalistes alimentent à la fois le site d’information économique sada.ly et la société de production Tabadul TV qui produit talk-shows et reportages magazine, en lien avec quelques correspondants basés en Libye. (...)
Son programme phare, flousna (notre argent), s’attaque à la corruption à l’hôpital, aux faiblesses du secteur privé face à une administration pléthorique, ou encore aux conséquences des blocages répétés des terminaux pétroliers. La guerre n’est jamais dans le titre, mais toujours en toile de fond.
Focus sur l’économie
« On se focalise sur l’économie, car l’argent est la raison principale des affrontements entre des Libyens qui veulent d’abord contrôler la manne financière du pays », explique l’homme d’affaires de 37 ans qui ambitionne de « changer la mentalité des jeunes générations, qui devraient cesser d’attendre que nos gouvernants fournissent un logement, une voiture comme au temps de Kadhafi ». Autant dire une seconde révolution dans un pays où un seul homme a accaparé la rente pétrolière pour acheter la paix sociale pendant 42 ans. Si le pays est désormais beaucoup trop fragmenté pour être corrompu à une échelle globale, la méthode kadhafiste s’est démultipliée. Chaque camp arrose des pans de la population, milices et médias, pour délimiter ou espérer élargir son territoire d’influence.
Tabadul tente d’y échapper en faisant signer une charte à ses sponsors qui promettent de ne pas intervenir sur la ligne éditoriale. (...)
Son programme phare, flousna (notre argent), s’attaque à la corruption à l’hôpital, aux faiblesses du secteur privé face à une administration pléthorique, ou encore aux conséquences des blocages répétés des terminaux pétroliers. La guerre n’est jamais dans le titre, mais toujours en toile de fond.
Focus sur l’économie
« On se focalise sur l’économie, car l’argent est la raison principale des affrontements entre des Libyens qui veulent d’abord contrôler la manne financière du pays », explique l’homme d’affaires de 37 ans qui ambitionne de « changer la mentalité des jeunes générations, qui devraient cesser d’attendre que nos gouvernants fournissent un logement, une voiture comme au temps de Kadhafi ». Autant dire une seconde révolution dans un pays où un seul homme a accaparé la rente pétrolière pour acheter la paix sociale pendant 42 ans. Si le pays est désormais beaucoup trop fragmenté pour être corrompu à une échelle globale, la méthode kadhafiste s’est démultipliée. Chaque camp arrose des pans de la population, milices et médias, pour délimiter ou espérer élargir son territoire d’influence.
Tabadul tente d’y échapper en faisant signer une charte à ses sponsors qui promettent de ne pas intervenir sur la ligne éditoriale. (...)
Le milliardaire Husni Bey, à la tête d’une des seules multinationales libyennes, serait un de ses premiers mécènes.