Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
CADTM
Tsipras veut disséquer la dette grecque
Article mis en ligne le 10 avril 2015

Le Parlement grec a voté, dans la nuit de lundi à mardi, la création d’un comité d’audit de la dette publique grecque. Lourde de plus de 320 milliards d’euros, celle-ci est passée depuis 2009 de 124 à plus de 175% du produit intérieur brut grec. Elle a été alimentée par les deux plans d’aide financière à la Grèce – dont le montant total dépasse 270 milliards d’euros – consentis par l’Union européenne et le Fonds monétaire international, en contrepartie de très sévères mesures d’austérité.

La mise en place de ce comité était une promesse de campagne de Syriza, le parti du Premier ministre Alexis Tsipras. Athènes entend se servir du travail de ce comité en juin, lorsqu’il s’agira de rouvrir le débat sur la dette avec ses créanciers publics.

Quinze experts grecs et autant d’étrangers vont disséquer la dette grecque durant plusieurs mois. L’économiste belge Éric Toussaint, porte-parole du Comité d’annulation de la dette du Tiers Monde, sera le coordinateur scientifique des juristes et économistes internationaux.

D’Athènes, il a répondu aux questions de “La Libre”.

En quoi la dette publique grecque peut-elle être jugée illégale, illégitime ou odieuse ?

Je ne peux pas présumer des conclusions préliminaires que rendront les 15 experts internationaux en juin. Pendant les trois premiers mois, nous allons nous concentrer sur la période 2009-2015. Ensuite, nous retournerons plus loin dans le temps pour comprendre comment cette dette a été générée, en nous penchant sur les achats d’armes, le coût des Jeux olympiques d’Athènes de 2004…. En nous basant sur des arguments de droit, nous rendrons un avis sur la légitimité, la légalité, la soutenabilité, voire le caractère odieux de la dette grecque.

Mais vous-même avez déjà déclaré qu’il était logique de remettre en cause la dette grecque…

Il y a des questions qui se posent de manière évidente. La Grèce a emprunté (en mai 2010) auprès de 14 États membres de l’Union européenne sans consulter le Parlement, le pouvoir législatif. On peut donc se poser la question de la légalité de ces prêts. Le même raisonnement vaut pour les prêts accordés par le FMI, alors que certains directeurs de celui-ci ont déclaré que l’institution avait bafoué ses propres règles. Enfin, ces crédits ont été octroyés en échange de la réalisation par les autorités grecques de mesures d’austérité qui violent les traités et les conventions internationales, en ce sens qu’elles portent atteinte aux droits fondamentaux – ce qu’ont confirmé des experts juridiques internationaux. La Grèce a violé les droits fondamentaux de ses citoyens, mais les créanciers publics, tenus au respect de ces traités et conventions internationales, aussi. (...)