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L’Orient le Jour
Troisième nuit de manifestations anti-Orban à Budapest
/AFP
Article mis en ligne le 17 décembre 2018

Le centre-ville de Budapest a été le théâtre vendredi d’une troisième nuit consécutive de manifestations anti-Orban, d’une virulence inédite, après l’adoption mercredi d’un assouplissement très controversé du droit du travail hongrois.

Rassemblées devant le parlement, de 2.000 à 3.000 personnes, âgées de 20 à 30 ans pour la plupart, ont une nouvelle fois défié les forces de l’ordre, jetant des bouteilles vers la police, qui a répliqué avec des gaz lacrymogènes, ont constaté des journalistes de l’AFP. Organisée de façon informelle sur les réseaux sociaux, comme les précédents jours, cette manifestation a également mobilisé des représentants de l’opposition de gauche et d’extrême droite.

Fait sans précédent, ces deux camps avaient uni leurs voix mercredi pour tenter de rejeter la nouvelle législation. Celle-ci prévoit d’autoriser les employeurs à demander à leurs salariés d’effectuer jusqu’à 400 heures supplémentaires par an - soit l’équivalent de deux mois de travail -, payables à échéance de trois ans.

Présentée par le Premier ministre national-conservateur Viktor Orban comme un moyen de permettre aux salariés d’augmenter leurs revenus tout en répondant au besoin de main d’oeuvre dans l’industrie automobile, cette loi est qualifiée de "droit à l’esclavage" par l’opposition.

L’adoption de ce texte, couplée à celle d’une loi créant des cours de justice administrative chargées de traiter de dossiers sensibles comme les appels d’offre publics ou les contentieux électoraux, suscite depuis mercredi des échauffourées inédites depuis le retour au pouvoir de M. Orban en 2010.

Au-delà des demandes d’abrogation de ces lois, les manifestants ont tourné leur colère contre le Premier ministre lui-même, scandant notamment "Orban tire-toi" (...)

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"Ils ne négocient avec personne, ils font juste comme ça leur chante. Ils volent tout. C’est intolérable, ça ne peut pas continuer comme ça", a estimé Zoli, un salarié du secteur des transports, parmi des manifestants criant "Orban, barre-toi avec tes copains !".

Le rassemblement a été intitulé "Joyeux Noël, Monsieur le Premier ministre", en pied de nez à une réplique du dirigeant qui a récemment éludé une question sur sa politique en souhaitant "Joyeux Noël" (...)

Outre la loi travail, les manifestants ont également demandé l’abrogation d’une autre loi adoptée mercredi créant des juridictions spécifiques pour les dossiers sensibles comme les appels d’offre publics ou les contentieux électoraux, alimentant les craintes d’atteinte à l’indépendance de la justice.

Les protestataires ont également demandé l’indépendance et l’objectivité des médias publics, ainsi que l’adhésion de la Hongrie au Parquet européen, refusée par Budapest.

Après la fin de la manifestation vers 19H00, quelques milliers de personnes, dirigées par des députés de l’opposition du parlement - Akos Hadhazy et Bernadett Szel, anciens membres du parti vert LMP et connus en Hongrie pour leur travail anticorruption -, ont marché devant les quartiers généraux de la télévision publique, pour faire lire leur pétition.

Après refus de la télévision, quelques manifestants décus ont jeté des objets et des bombes fumigènes vers les policiers, qui ont, comme lors des derniers jours, répondu par du gaz lacrymogène. (...)

Les trois premières soirées de manifestations avaient été émaillées d’échauffourées avec les forces de l’ordre, imputées par le gouvernement à des "vandales à la solde de Soros", le milliardaire libéral américain George Soros dont M. Orban a fait sa bête noire. L’opposition a pour sa part dénoncé des agents provocateurs travaillant pour le pouvoir.