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Gérard Filoche
Trois mois de bras de fer : un affrontement historique qu’on peut et doit gagner
Article mis en ligne le 17 avril 2018

D’un coté Macron, est « arrivé là par une violence de l’histoire », « par effraction » comme il le dit lui-même. Il est arrogant, il prétend « tenir trois mois » mais il a des pieds d’argile.

De l’autre, un mouvement social assurément majoritaire, mais qui doute encore de lui-même. Une immense colère stagnante autour des cheminots. Il manque le détonateur. Les cheminots fer de lance, jouent leur va tout en se lançant de façon inédite dans trois mois de grèves. Dans le salariat et la jeunesse, se mêlent une volonté de survivre et d’en découdre, et un scepticisme sur les chances de victoire. Si on parvient à le lever ce sera un raz de marée.

C’est un moment sans précédent historique : l’affrontement de classe est programmé, des deux cotés, sur une période extraordinairement longue, 120 jours avec une grève perlée mise en œuvre unitairement par tous les syndicats de la SNCF. Autour, les grèves dispersées se multiplient en tâtant tous les terrains. Le pouvoir se raidit, utilisant tous ses moyens de division, de propagande et de répression.

Quelles sont les chances des deux classes sociales en présence ?

D’un côté Macron à toute la haute technocratie d’état, le Medef, la finance, le CAC 40, les 9 milliardaires qui détiennent 95 % des médias. (...)

C’est une gageure, de vouloir casser à la fois le code du travail, l’assurance chômage, bloquer le smic et les salaires, démanteler le statut de la fonction publique, supprimer 120 000 fonctionnaires, réduire de 3 milliards la santé, réduire tous les services publics, réduire les retraites et les Ehpad, empêcher des centaines de milliers d’étudiants d’entrer à l’université, casser la justice, affronter les gardiens de prison et vendre les aéroports,

C’est la « théorie du choc » : frapper partout, vite et en même temps ! En même temps c’est la dispersion des coups, mettant en mouvement toutes les résistances à la fois.

Or la théorie du choc c’est celle du bluff. Et le pouvoir hyper concentré de Macron est vulnérable face au salariat qui regroupe 90 % des actifs (...)

Le combat des cheminots ne concerne pas qu’eux, mais tous les statuts de tous les salariés et tous les services publics. (...)

Le « déclic » manque. Il manque la confiance dans la possibilité de gagner.

Pourtant on vient d’assister à la grève des gardiens de prison, à la grève des Ehpad, deux fois, à la mobilisation des fonctionnaires le 22 mars, à celle très forte des retraités, à des mouvements un peu partout : chez Carrefour et Ford notamment, PSA, mais aussi chez les éboueurs, dans les bus et métros, chez les électriciens et gaziers, à la Poste, chez Air France, dans les métiers du cinéma, et on voit se construire un mouvement étudiant de plus en plus fort. (...)

Par son obstination et sa brutalité, Macron, radicalise ceux qui doutaient de la possibilité de l’affronter dans une résistance d’ensemble. La vérité est qu’il met tout le salariat au pied du mur (...)

Chacun observe et se sent menacé et la théorie du choc peut se retourner en contre coup : ainsi les journées du 14 mars, unitaire, syndicalement et politiquement (« reconstruire la gauche ») à Marseille, la grande journée du 19 avril cette fois avec grève générale, puis le 1ermai, et l’appel a une mobilisation le 5 mai, tout cela aide à co-construire et a faire converger un mouvement d’ensemble.

Cela ne se décrète pas, mais c’est d’une grève générale et de l’occupation des entreprises dont il y a besoin pour gagner.

Il faut faire obligatoirement peur à Macron, pour l’obliger à négocier. Et pour cela, il faut l’unité du mouvement en cours, l’unité syndicale, plus l’unité des forces politiques en position d’offrir une alternative. (...)

Nous proposons de continuer dans l’unité : rédaction d’une plateforme commune de défense des services publics, dont la SNCF, meetings unitaires de soutiens aux grèves en cours, notamment cheminots et étudiants. Tracts communs le 19 avril, et le 1ermai. Et le 5 mai, se saisir de l’appel de François Ruffin et de « Fakir », soutenu par deux mille militants réunis à la Bourse du travail le 4 avril (nous en étions) pour faire « la fête à Macron ». (...)