
Des juges français ont lancé de nouvelles investigations sur un système français de cybersurveillance, soupçonné d’avoir servi la vague répressive contre les opposants du régime du président Al-Sissi en Egypte, et déjà au coeur d’une enquête pour son rôle dans la Libye de Kadhafi
Cette enquête, ouverte pour "complicité d’actes de torture et de disparition forcée" et instruite au pôle "crimes contre l’humanité" à Paris, fait suite à une nouvelle plainte de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de la Ligue des droits de l’Homme (LDH).
Les deux associations accusent l’entreprise Nexa Technologies, qui a commercialisé le logiciel mis au point par la société Amesys, d’avoir vendu du matériel de cybersurveillance au régime d’Al-Sissi pour l’aider à traquer ses opposants. (...)
"En ouvrant une information judiciaire, le parquet de Paris reconnaît la gravité des faits allégués, permettant aux associations de se constituer parties civiles et ouvrant la possibilité à des victimes égyptiennes de se constituer parties civiles et venir témoigner en France", ont relevé la FIDH et la LDH dans un communiqué commun.
Selon le Cairo Institute for Human Rights Studies, une ONG qui soutient leur démarche, cette vague répressive s’est notamment concrétisée par "plus de 40.000 prisonniers politiques en détention en Egypte" sous le régime Al-Sissi.
La plainte des deux ONG s’appuyait sur une enquête de Télérama publiée en juillet. Le magazine y révélait la vente, en mars 2014, par d’ex-dirigeants d’Amesys opérant derrière deux nouvelles entités, d’un système d’écoutes à 10 millions d’euros pour lutter – officiellement – contre les Frères musulmans, l’opposition islamiste en Egypte. (...)
Dans un second temps, "il s’agira aussi de donner la voix aux Egyptiens car on sait que des personnes de la société civile, des activistes ont été arrêtés puis torturés grâce à la surveillance électronique", a expliqué à l’AFP Me Clémence Bectarte, une des avocats de la FIDH.
"C’est le premier dossier ouvert en France en compétence universelle qui concerne l’Egypte", s’est-elle félicité. (...)
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