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Thessalonique, 18 mai : référendum sur l’eau. Un non, de nombreux Oui
Article mis en ligne le 19 mai 2014

Thessalonique est une métropole vivante et en expansion du nord de la Grèce. Comme le reste du pays, elle est affectée par un chômage croissant et une pauvreté causée par les politiques du gouvernement dictées par la Troïka qui ont plongé l’économie dans une profonde récession.

C’est dans le contexte des mesures préconisées par le terrible “mémorandum” imposé par le FMI, que le gouvernement a annoncé en 2011 la privatisation d’EYATH, la société nationale fournissant l’eau et l’assainissement aux 1,5 millions d’habitants de la ville. Suez, le géant de ce secteur a rapidement montré son intérêt pour cette société rentable. En mai 2014, le processus de privatisation est en cours avec une deuxième offre de vente des actions pour laquelle deux sociétés, le français Suez et l’israélien Mekorot, se sont portés candidats.

En dépit du chantage et de la propagande, les citoyens de Thessalonique et leurs organisations se sont opposés depuis trois ans aux plans de privatisation du gouvernement. Ils ont réussi à mettre cette question sur le devant de la scène en démontrant combien les privatisations de services d’eau ont, partout dans le monde, généré des augmentations de tarif, des détériorations de l’infrastructure, des baisses de la qualité de l’eau et l’exclusion d’une grande partie de la population à l’accès à ce bien commun pourtant essentiel.

À travers leur participation au mouvement mondial et européen de défense de l’eau, les organisations de la société civile grecque ont mis en évidence combien le modèle de privatisation que le gouvernement essaye maintenant d’imposer par la force a failli dans des dizaines de villes à travers le monde. Elles urgent les autorités municipales à faire machine arrière en leur faisant connaître la longue liste des villes qui reprennent à leur compte la gestion de l’eau, véritable lame de fond mondiale en faveur de la remunicipalisation.

Dans les faits, les citoyens de l’Union européenne sont maintenant convaincus que la gestion de l’eau doit être publique, démocratique et transparente. Pas loin de deux millions de personnes de 28 pays ont approuvé l’Initiative des citoyens européens contre la privatisation de l’eau Right 2 Water. Les résultats de cette Initiative ont été présentés au Parlement européen le 17 février 2014 forçant les euro-députés de tous bords à admettre que la privatisation de l’eau est extrêmement impopulaire au sein de l’Union et obligeant la Commission européenne à l’exclure de la directive sur les concessions.

Avec cette vague mondiale contre les privatisations, le gouvernement grec reste isolé et a les plus grandes difficultés à convaincre les citoyens qu’« il n’y a pas d’autres alternatives ». En réalité, il y a beaucoup d’alternatives qui sont proposées concernant la gestion de l’eau à Thessalonique, toutes ayant comme objectif la sauvegarde de ce bien vital dans une perspective de justice sociale et d’égalité d’accès. (...)

Comme l’action économique du gouvernement s’éloigne de plus en plus des intérêts de la population qu’il est censé représenter, il appartient aux citoyens de défendre leurs droits élémentaires, de réinventer la démocratie et de protéger les biens communs par des initiatives populaires. La Grèce, dernier champ d’expérimentation de l’accumulation par expropriation du capitalisme mondialisé, préfigure le triste futur que le monde des affaires dessine pour la population européenne. Mais les organisations et mouvement sociaux grecs ne restent pas inactifs face à ce pillage. À la répétition désormais bien émoussée du « Il n’y a pas d’alternative », ils réfutent qu’ « il y a beaucoup d’alternatives » à la condition, bien sûr, que la société organisée déploie sa créativité et se lève pour défendre ses droits et ses biens communs. (...)