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l’Humanité
« Teach for France », un danger pour l’école publique
Article mis en ligne le 15 août 2016
dernière modification le 10 août 2016

Maria Noland, étudiante américaine en sciences de l’éducation, lance une alerte sur les dangers de l’implantation en France d’une branche du réseau Teach for All, né aux États-Unis pour recruter et former des enseignants à bon marché.

Maria Noland Je m’intéresse depuis longtemps à Teach for America. Lorsque j’ai pris connaissance qu’une filiale s’implantait en France, j’ai voulu réagir. Au début, naïvement, je me suis laissé abuser par la générosité du discours de cette organisation. Elle affirmait combattre les inégalités scolaires et favoriser la mobilité sociale des jeunes pauvres. Comment s’y opposer ? J’ai cru que le capital se mettait au service de l’éducation. Que des entreprises françaises donneraient de l’argent pour améliorer la situation des écoles dans le besoin. L’inverse est advenu : l’éducation se retrouve au service du capital. Cette association ne compte aucun enseignant en activité. Elle n’affiche aucun parti pris pédagogique. Il s’agit d’une machine de diffusion de l’idéologie de marché.

Comment s’y prend-elle ?

Maria Noland Teach for France use d’un discours très idéaliste pour convaincre les jeunes diplômés des grandes écoles. Ils sont appelés à être des nouveaux hussards, des acteurs du changement du système éducatif. Les responsables de Teach for France se déplacent dans leurs écoles ou participent aux forums de l’emploi des entreprises que fréquentent ces étudiants. Les anciens des écoles sont très actifs dans les recrutements et très présents dans les équipes de direction. Patricia Barbizet, une ancienne de l’ESCP, administratrice de TFF, dirige Artémis, la société d’investissement de la famille Pinault. Nadia Marik-Descoings, la déléguée générale, est diplômée de Sciences-Po, qu’elle a d’ailleurs codirigée. Le message est simple. On leur dit : « Engagez-vous avec notre association. Nous allons retrousser nos manches et enseigner directement… » En clair, pas besoin de passer par le concours et toute cette paperasserie associés au service public et au fonctionnariat. Les recrues sont engagées dans les écoles publiques pour une durée de deux ans. (...)

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