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le JDD
TRIBUNE. Marie Desplechin sur les enfants de djihadistes : « Avoir à rappeler leur innocence est pathétique »
Article mis en ligne le 9 juin 2022

« Deux cents enfants français, dont une dizaine d’orphelins, sont actuellement détenus dans les camps du Nord-Est syrien. Les plus petits y sont nés, la plupart y sont entrés à l’âge de 2 ou 3 ans. Ils vivent entourés de barbelés, sous des tentes, sans accès aux soins ni à l’école. Peu et mal nourris, ils subissent le froid extrême de l’hiver et les chaleurs écrasantes de l’été. Désœuvrés, livrés à eux-mêmes, témoins et otages de la cruauté de la vie dans les camps, ils peuvent à tout moment faire l’objet de prédations physiques et sexuelles.

Les autorités kurdes de Syrie, gardiennes des camps, ne demandent qu’une chose : que l’État français les rapatrie, à l’instar des États belge, allemand, finlandais, suédois et de tant d’autres qui ont fait revenir leurs enfants avec leurs mères. En France, tout est prêt pour les accueillir et les prendre en charge : structures judiciaires, sociales et sanitaires, magistrats, éducateurs, psychiatres, associations, enfin leurs familles, exténuées par l’attente. Voilà trois, quatre, cinq ans que nous les attendons. Des années que ces enfants attendent. Et, parce que ce sont des enfants, des années qu’ils espèrent.

Et voilà des années qu’au plus haut niveau de son État la France oppose un refus catégorique à leur retour. Rien depuis seize mois. Le 24 février dernier, Paris a été condamné par le Comité des droits de l’enfant de l’ONU pour avoir violé la Convention internationale des droits de l’enfant : “Le refus de la France de rapatrier des enfants français détenus […] dans des conditions mettant leur vie en danger depuis des années viole leur droit à la vie, ainsi que leur droit à ne pas subir de traitements inhumains et dégradants.”

Qui, sur cette planète, s’autorise à punir ses enfants en les privant du droit à l’éducation, au soin, à la vie ? La France. (...)

Un chaton martyrisé mobilise 2 millions de signatures sur une pétition en ligne, et nous ne serions pas troublés par le visage d’un de nos gosses mourant à petit feu en zone de guerre ? Notre président a conclu par ces mots son débat télévisé contre la candidate Le Pen : “La protection de l’enfance sera au cœur des cinq années qui viennent.” Alors ? »