
Il faut remonter aux années 1960 où, en quatre coups d’État, se mettent en place les cadres de l’actuel système politique syrien : la ruralisation des villes et du régime, l’arrivée au pouvoir de la minorité alaouite et la domination du parti et des civils par l’armée. Le dernier putsch, celui de Hafez Al-Assad, père de l’actuel président, en 1970, va parachever la construction du système autoritaire. Il instaure un maillage complet de la société syrienne autour de l’armée et des organes de la Sûreté, du parti et de la bureaucratie. Le régime utilise aussi les liens de solidarité familiaux, claniques, communautaires et régionaux pour se constituer une clientèle (qui est évidemment rémunérée par les postes de la fonction publique). Le croisement des liens communautaires et de l’obsession du contrôle sécuritaire produit la prédominance alaouite dans les hautes charges de l’armée et des organes de sécurité. Le ciment de l’édifice sécuritaire, c’est la culture de la peur que la révolte vient de mettre à bas. Sous M. Bachar Al-Assad (depuis 2000), le parti, la bureaucratie et l’armée sont passés directement sous le contrôle des services de sécurité, eux-mêmes entièrement aux mains de la famille Assad. Les Syriens considèrent même que le parti est le sixième service de sécurité.
(...) Si les manifestants sont bien décidés à ne pas se soumettre, le régime n’est pas prêt non plus à céder quoi que ce soit. Les Assad n’arrivent pas à imaginer qu’un jour ils ne seront plus là ! C’est pourquoi la répression est allée en s’aggravant. Aujourd’hui, l’armée et le régime ont déclaré une véritable guerre aux manifestants pacifiques et aux civils syriens en lançant contre eux les hélicoptères, les blindés et la marine de guerre… La seule possibilité du côté militaire ne pourrait venir que d’une scission, peu probable, au sein de la direction des services de sécurité, qui pourrait alors entraîner d’autres secteurs de l’armée... » (...) Wikio