
Le navire humanitaire a secouru dix Pakistanais et un Ivoirien à bord d’une petite barque. Les autorités libyennes ont demandé à récupérer les migrants, ce que refusent les sauveteurs.
« Ça ressemblait à un mouton de vague… » Jeudi 20 septembre, un peu après 7 heures du matin, le navire humanitaire Aquarius, qui patrouille au large de la Libye, a repéré une embarcation avec onze personnes à son bord. « Au début, tu vois une tâche blanche qui bouge sur la vague et, très vite, tu vois que ça ressemble à une embarcation », explique Jérémie Demange, qui a aperçu le bateau pendant son tour de veille à la jumelle, sur la passerelle du navire humanitaire de SOS-Méditerranée et de Médecins sans frontières (MSF).
L’Aquarius a mis le cap sur l’embarcation et s’est rapidement retrouvé à sa hauteur, à environ 28 milles marins (52 kilomètres) de la Libye, face à la ville d’Abou Kammash. « Nous avons essayé de contacter par téléphone et par radio le centre de coordination des sauvetages à Tripoli mais nous n’avons eu aucune réponse », explique Nick Romaniuk, responsable des opérations de recherches et de secours pour SOS-Méditerranée. (...)
Sur le pont de l’Aquarius, les sauveteurs de SOS-Méditerranée équipent rapidement deux canots pneumatiques semi-rigides et les mettent à l’eau. Une fois à hauteur de l’embarcation en détresse s’engage un échange à grand renfort de gesticulations. La paume des mains vers le bas : « Restez assis ! » Les pouces levés : « OK très bien ! » Les mains se tendent et attrapent des poignées. C’est un garçon aux traits juvéniles qui est évacué en premier. En moins d’un quart d’heure, tout le monde est transféré sur le canot pneumatique de SOS-Méditerranée.
Sur le pont, le reste de l’équipage se tient prêt à accueillir les personnes secourues. (...)
La barque dont ils ont été évacués flotte à présent à vide. L’équipe de SOS-Méditerranée démonte le moteur et disperse ses pièces à l’eau. La coque est marquée au feutre noir : « SAR AQU 20/09/2018 », afin que chacun sache que les personnes à bord ont été secourues par l’Aquarius, à plus de 120 milles marins (environ 222 kilomètres) du rivage européen le plus proche, l’île italienne de Lampedusa. (...)
L’Aquarius a fait savoir qu’il n’entendait pas remettre des personnes rescapées aux autorités libyennes, dans la mesure où celles-ci n’offrent pas un port sûr de débarquement. « Je vous suggère de contacter un autre centre de coordination », leur ont répondu les Libyens. Une étape délicate s’annonce au beau milieu de la Méditerranée.