
La complainte patronale se ravive chaque année au début du mois de mai. Ce mois où les jours fériés sont presque aussi nombreux que les jours pluvieux. Pluvieux pour l’économie. Le Medef, dont les calculettes sont moins performantes que les bouliers d’autrefois, prétend que les deux jours fériés qu’il veut supprimer, rapporteraient 1 milliard de plus au PIB français, soit 100 000 emplois, dixit Thibault Lanxade, vice-président du Medef.
Chacun voit qu’un tel calcul n’a aucun sens, car il n’inclut pas l’activité qui est générée par les congés supplémentaires, et bien malin est celui qui calculerait le solde des activités et des emplois « perdus » et « gagnés ». D’autant que, si la proposition du Medef était adoptée, on peut supposer que les jours travaillés ne seraient pas rémunérés en plus, donc sans aucun intérêt pour la consommation, c’est-à-dire pour les affaires des entreprises. D’ailleurs, l’INSEE et l’OFCE estiment l’impact des jours fériés bien moindre : environ 0,06 % de PIB pour un jour, soit environ 1,250 milliard d’euros. (...)
Une proposition de bon sens serait de supprimer la totalité des cinq jours fériés « catholiques » et de les remplacer par une sixième semaine congés payés pour tout le monde. L’avantage de ce principe serait d’être démocratique, respectueux de toutes les cultures, chacun pouvant pratiquer son éventuelle religion comme et quand il l’entend, et il serait conforme à la loi de 1905. Même les entreprises y trouveraient avantage grâce à une fluidité renforcée du calendrier. Et les travailleurs verraient la réduction du temps de travail maintenue dans une perspective de progrès social de qualité pour eux-mêmes, la société et peut-être aussi l’environnement naturel.