
Camille Lepage, Anja Niedringhaus, James Foley… La liste de reporters disparus sur les champs de bataille, appareil photo en main, s’allonge chaque année. Comment témoigner sans s’exposer, c’est la question centrale de cette 26e édition de Visa pour l’image qui se tient cette semaine à Perpignan.
« Lorsqu’on est reporter, la guerre, c’est le Graal de la profession. » Par ces mots, Régis Le Sommier, directeur adjoint de Paris Match, illustre ce besoin incessant de Chris Hondros de « sauter dans le vide ». Au point d’y laisser sa vie le 20 avril 2011, en Libye.
Chaque jour, des journalistes se mettent en danger pour capter une image d’un conflit ou mettre des mots sur une guerre. Ces photos recouvrent une partie des murs de Visa pour l’image depuis vingt-six ans. Devant les disparitions de ces témoins, le festival refuse de rester muet.
« C’est important de rendre hommage à ces gens qui ont pris des risques immenses pour montrer ce qu’il se passe dans le monde. Heureusement que Visa est là pour jouer ce rôle », souligne le photographe Bruno Amsellem.
Un livre pour financer le prix Camille-Lepage
L’exposition du travail de Chris Hondros, Testament, un recueil de ses meilleures images en Irak ou en Libye, et Hommage de l’Allemande Anja Niedringhaus, tuée en Afghanistan en avril dernier, symbolisent ce rituel de Visa.
L’Américain James Foley, décapité le 19 août dernier par les djihadistes de l’Etat islamique, « aura sa place lors d’une projection à Visa » samedi, annonce Jean-François Leroy, directeur général du festival. La décapitation mardi de Steven Sotloff a créé un choc ce mardi et sera aussi prise en compte. (...)
« Aucune photo ne vaut une vie »
La guerre serait-elle pour ces jeunes photojournalistes le seul moyen de percer ? Pour le directeur du Festival :
« Ils pensent que ça va les faire connaître mais ils se trompent. La preuve, personne n’avait entendu parler de Camille Lepage avant qu’elle ne soit tuée.
Elle est morte pour des photos qui n’intéressaient personne. Un journaliste peut raconter de grandes histoires sans prendre de risques inconsidérés. Aucune photo ne vaut une vie. » (...)
Cette tradition qui veut que l’on mette en lumière ces photographes morts en faisant leur travail n’est pas du goût de tous.
« Il y a deux ans, lorsque James Foley était en Syrie, personne ne voulait de ses papiers et maintenant tout le monde l’encense », déplore un ex-otage.
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