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Libération
Steve, un an après : « Cette empreinte est là dans nos vies »
Article mis en ligne le 21 juin 2020

« Où est Steve ? » Le mois de juillet 2019 était suspendu à cette question. A Nantes, le quai Wilson étouffait sous la canicule, et des jeunes restaient là, agglutinés à l’ombre du « bunker », un cube de ciment perdu sur un terrain vague, entre des entrepôts désaffectés et la Loire. Ils partageaient des clopes, des souvenirs, et surtout leur peine. Ils venaient de perdre leur ami, Steve Maia Caniço, aperçu pour la dernière fois à cet endroit, dans la nuit du 21 au 22 juin. (...)

Un an après, le quai Wilson s’est barricadé. Seuls restent accessibles un parking et une fresque en l’honneur du jeune homme. Trois de ses amis, revenus sur les lieux, découvrent un ponton aménagé depuis peu. (...)

Lire aussi :

 Un an après la mort de Steve Maia Caniço, une marche organisée à Nantes
A Nantes, le retour de la Fête de la musique a un goût amer. Dimanche 21 juin, une marche en hommage à Steve Maia Caniço sera organisée à partir de 15 heures devant l’hôtel de préfecture de la Loire-Atlantique.

Il y a un an, cet animateur périscolaire de 24 ans, venu danser en bord de Loire, avait disparu lors d’une opération policière perçue comme disproportionnée face à des jeunes qui s’amusaient dans un quartier sans habitations, le long d’un quai dépourvu de parapet. Son corps a finalement été retrouvé cinq semaines plus tard dans le fleuve. (...)

« Déperdition de preuves »

L’enquête sur les circonstances précises de cette chute, dépaysée à Rennes en septembre, se poursuit. Trois informations judiciaires « contre X » sont actuellement instruites. L’une pour « homicide involontaire » concernant la mort du jeune animateur, une autre pour « mise en danger de la vie d’autrui » concernant l’intervention policière et la troisième pour violences sur « personne dépositaire de l’autorité publique » s’agissant de la prise à partie des forces de l’ordre.

Au sujet du premier volet, Cécile de Oliveira, l’avocate de la famille de Steve Maia Caniço, déclare : « On va probablement avoir des éléments au début de l’été qui vont, je l’espère, pouvoir faire basculer le dossier vers des mises en cause. » Selon elle, un procès pourrait avoir lieu dans trois à quatre ans au tribunal correctionnel ou dans quatre à cinq ans aux assises.

D’ores et déjà, elle regrette qu’une « déperdition de preuves » ait eu lieu en juin et juillet 2019, puisqu’au départ l’information judiciaire était ouverte seulement pour « recherche des causes de la disparition ». A ce moment-là, « les juges d’instruction ne pouvaient pas instruire sur le lien de causalité entre la mort de Steve Maia Caniço et l’intervention policière », déplore-t-elle, affirmant qu’« on a pu avoir le sentiment qu’au début, sous une forte pression gouvernementale, il faut le dire, le dossier de Steve Maia Caniço a été traité, comme souvent les dossiers de violences policières, avec un étouffoir ». (...)

L’enquête se poursuit

Les dernières zones d’ombre autour de la mort du jeune homme pourraient se trouver dans son téléphone, que les enquêteurs tentent de « faire parler ». « L’objectif, c’est d’obtenir une géolocalisation précise de Steve au moment du drame, précise au Monde sa sœur, Johanna Maia Caniço. S’il est établi qu’au moment des tirs de grenades lacrymogènes mon frère se trouvait tout près du fleuve, alors il sera difficile de contester l’existence d’un lien de causalité entre l’intervention des forces de l’ordre et la chute qui a entraîné sa mort. » (...)

 Un an après la mort de Steve Maia Caniço, ses proches ont "changé de regard sur la police"
"Les policiers étaient équipés et casqués. Ils ont chargé avec des grenades de désencerclement et des lacrymos. Alors non, ils n’étaient pas juste là pour nous faire partir." Un an après la disparition de Steve Maia Caniço, à Nantes, dans la nuit du 21 au 22 juin, son amie Soline n’en démord pas. Oui, l’intervention policière menée à 4h25 sur le quai Wilson, en bord de Loire, était "irresponsable", selon elle, lors de cette Fête de la musique. Et oui, c’est bien cette "absence totale de réflexion" qui aurait entraîné la mort de l’éducateur périscolaire de 24 ans, dont le corps a finalement été repêché un mois plus tard, charrié par le fleuve. (...)

Tee-shirts blancs, détour par la fresque à son effigie, recueillement... Mais pas de fête. Pas cette fois-ci et plus là-bas. "Pour lui rendre hommage, il y aura quand même un peu de musique qu’il aimait, glisse Maël, une autre amie. (...)

Et si cette affaire alimente toujours de vives rancunes, les slogans politiques ou anti-police "devront rester au plus profond de vos têtes et cœurs", insistent les organisateurs. "Steve n’aurait jamais voulu se faire récupérer politiquement par différents mouvements", reprend Soline. "Il n’avait pas de parti, il n’allait même pas en manif. C’était juste un enfant qui aimait danser et sourire." (...)
"Une rupture de confiance envers l’institution"

A Nantes, il n’est pas rare de croiser des autocollants "Justice pour Steve", au hasard d’un détour. Et pour certains amis de Steve, le divorce est consommé avec les forces de l’ordre. "Aujourd’hui, j’ai peur des policiers", témoigne Kilian, qui échangeait encore des textos avec Steve jusqu’à 3 heures la nuit de sa disparition. "Quand je traverse une manif, je ne sais pas ce qui peut m’arriver à cause de mes dreadlocks." Avant même les conclusions de l’enquête, il en est persuadé : c’est bien l’intervention de la police qui a entraîné la disparition de son ami. "Il n’a pas pu tomber seul dans la Loire. Il ne savait pas nager et ne s’approchait jamais de l’eau."

« Mon regard sur la police a grave changé depuis. Mon frère voulait d’abord devenir gendarme, avant de penser à l’armée. Il a tout lâché après cette histoire. Les forces de l’ordre, à la base, c’est censé t’amener en justice, pas se faire justice » .Kilian, ami de Steve Maia Caniçoà franceinfo (...)

- 🔴 LE PRÉFET DE NANTES VEUT INTERDIRE LA FÊTE DE LA MUSIQUE. VEUT-IL D’AUTRES MORTS ?
Toutes et tous à Nantes dimanche 21 juin

Le préfet Claude d’Harcourt et la maire de Nantes Johanna Rolland déclarent-ils la guerre à la population nantaise ? C’est ce que laissent entendre les décisions annoncées ce mercredi :

• Officiellement, la fête de la musique est interdite, purement et simplement : « les rassemblements supérieurs à dix personnes sont interdits », ainsi que les « rassemblements festifs à caractère musical de type rave party ou teknival », et « la circulation de véhicules transportant du matériel de son »
• « Les contours de cette édition ont été définis par la municipalité de Nantes et ne pourront prendre la forme de rassemblements musicaux sur la voie publique. » La maire PS, Johanna Rolland, se rend donc complice par avance d’une possible répression de la fête de la musique qui aura lieu dans 3 jours.
• Dans une logique purement totalitaire, la mairie invite « à une Fête de la musique revisitée ». Elle propose à chacun de faire la fête « aux balcons de 20h à 21h, avec une playlist fournie par les autorités »
• Nous apprenons le même soir qu’un concert rassemblera des milliers de spectateurs à Bercy, le 21 juin. Et dès le lendemain, tous les établissements scolaires devront reprendre “normalement”. L’argument sanitaire est donc un pur chantage autoritaire hypocrite et arbitraire.
• Un an exactement après la mort de Steve à Nantes, le préfet responsable de la charge de l’an dernier cherche-t-il a tuer d’autres nantais et nantaises ? Va-t-il ordonner une charge au bord de la Loire ? Cherche-t-il à déclencher une guerre contre la population ?
Rendez-vous ce dimanche à 15H pour une marche blanche en hommage à Steve. Puis à 18H quai de la Fosse pour une fête revendicative, et à 21H au mémorial du quai de la fosse pour un rassemblement musical. Toutes et tous ensemble, refusons leurs mesures dictatoriales.