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Stéphane Troussel : « La France doit assumer sa tradition d’accueil »
Article mis en ligne le 4 octobre 2019

Le département de Seine-Saint-Denis rejoint l’Association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita). Une démarche en faveur de l’intégration des migrants, à quelques jours du débat au Parlement sur l’immigration. Le président du conseil départemental, Stéphane Troussel explique le sens de sa démarche.

C’est le premier département à rejoindre l’Association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita), fondée en 2018 par l’ex-maire de Grande-Synthe (aujourd’hui député européen), Damien Carême. Ce jeudi, la Seine-Saint-Denis « réaffirme sa mobilisation en faveur d’un accueil digne sur son territoire des personnes migrantes, et notamment des mineur·e·s non accompagné·e·s », selon un communiqué. L’Anvita, un réseau d’entraide et de partage de bonnes pratiques sur l’accueil des migrants, était jusqu’ici composé de villes (Paris, Grenoble, Strasbourg, Grenoble…), de régions (Franche-Comté, Occitanie…) mais pas encore de départements. (...)

En septembre 2018, une cellule d’accompagnement dédiée aux MNA a ainsi été mise en place dans le 93, où leur nombre a triplé en trois ans (...)

« A travers cette adhésion, on veut d’abord faire valoir notre conception de l’accueil et de la solidarité en Seine-Saint-Denis, avec l’idée qu’un accueil digne et respectueux des droits humains est important, et d’une puissance publique qui ne fuit pas ses responsabilités mais les assume. En rejoignant le réseau Anvita, on veut partager notre conception [de l’accueil] et nos bonnes pratiques avec les autres collectivités, et peser sur le débat national. Ce pays doit assumer sa tradition d’accueil, ses valeurs. (...)

Comme ces enfants sont mineurs, au titre de la protection de l’enfance, les départements ont une responsabilité. Mais notre pays accueille ces jeunes en tant que signataire de la Convention des droits de l’enfant, la solidarité nationale devrait donc jouer.

Quand Emmanuel Macron a été élu, j’ai été reçu avec d’autres présidents de département à l’Elysée. Il nous a dit qu’il pensait que l’Etat devrait prendre en charge les MNA, mais depuis la compensation [par l’Etat des charges relatives aux MNA] ne fait que baisser ! (...)

Notre territoire est jeune et en difficulté financière, l’Etat devrait faire plus mais il fait moins. Désormais, les dépenses sont encadrées : le taux maximal de l’évolution des dépenses de fonctionnement est de 1,2%. Les dépenses relatives aux MNA seront-elles ou non intégrées à ces 1,2% ? Quelle sera la réaction de l’Etat [si on les dépasse] ? Non seulement, l’Etat ne compense pas ces dépenses, mais cela peut engendrer des baisses de dotation… (...)

Les MNA sont un public différent du public traditionnel de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Ils ne sont pas en rupture familiale au sens classique, ils sont relativement autonomes après leur parcours de milliers de kilomètres, donc on a créé une cellule dédiée d’accompagnement. C’est un moyen d’alléger la pression sur le travail de l’ASE, dont 30% du public est constitué dans le 93 de MNA. On a aussi lancé un appel à projets spécifiques pour créer 800 places d’hébergement pour les MNA. On est aussi l’un des départements qui signe le plus de contrats jeunes majeurs, notamment avec des MNA, pour éviter les sorties sèches. (...)

A partir du moment où on n’a pas une politique organisée à l’échelle du pays, qui s’applique partout, avec les mêmes valeurs, c’est porteur de grandes inégalités entre les territoires. C’est d’autant plus problématique que les jeunes qui sont accueillis sont de plus en plus souvent reconnus mineurs, contrairement à ce qu’a pu imaginer le gouvernement. »