
Le secteur privé non lucratif commence à prendre la mesure des bouleversements qu’impliquerait le projet de système par points porté par la majorité sur ses salariés et ses usagers. Certains ont rejoint les mobilisations.
Les discussions sur la réforme des retraites ont beau avoir duré deux ans, l’économie sociale et solidaire (ESS) a préféré restée coite sur le sujet et faire le dos rond. Jusqu’à ce que la tempête des mobilisations se lève début décembre et que le gouvernement achève de dévoiler son projet de réforme. Depuis, l’ESS commence à prendre la mesure des bouleversements à venir si le projet de système par points dit « universel » remplace le régime général actuel. Si bien que certaines de ses composantes et nombre de ses travailleur, ont rejoint les mobilisations demandant son retrait.
Les retraites ne sont pas un mince sujet pour le secteur privé non lucratif. C’est d’abord une simple question démographique. Un bon tiers des salariés des associations (32,1 %), mutuelles (31,5 %), fondations (31,2 %) et coopératives (26,6 %) a actuellement plus de 50 ans. Si bien que 750 000 d’entre eux partiront à la retraite dans les huit prochaines années. Or, des secteurs d’activité gros employeurs vont être touchés (...)
Des secteurs qui usent et abusent de contrats de travail précaires
Dans ce contexte, la question de l’âge de départ devient un enjeu crucial pour ces salariés comme pour leurs employeurs. Partir à l’âge légal de 62 ans, même avec une décote sur la pension jusqu’à 64 ans, comme dans le système actuel, ne revient pas au même que de partir au même âge légal de 62 ans avec le système projeté. (...)
Et le système par points qui calcule le niveau de pension sur toute une carrière, non plus sur les 25 meilleures années, ne rassure pas les travailleurs aux carrières hachées rythmées de période de chômage, contrats courts, temps partiels, dont les femmes sont le plus victimes. Là encore, l’ESS se trouve en première ligne. Ses métiers sont fortement féminisés et nombre de ses secteurs usent et abusent de contrats de travail précaires (voir notre infographie), par commodité ou du fait des baisses de financements publics. L’économie sociale est d’autant plus sujette aux conséquences de cette réforme que les usagers et territoires auprès desquels elle intervient, souvent les plus fragiles, pourraient encore un peu plus s’abîmer avec le système vanté par le premier ministre.
Face à ces multiples incertitudes, certains secteurs commencent à interpeller le gouvernement. (...)
Mais la résistance au projet du gouvernement s’organise pourtant bien aussi dans l’économie sociale et solidaire. Le Collectif des associations citoyennes, la Fédération des mutuelles de France ou le Groupement des organismes employeurs de l’économie sociale ont appelé à soutenir les mobilisations. (...)