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Les eaux glacées du calcul égoïste
Sivens, le Gers et le Rajasthan
Article mis en ligne le 15 novembre 2014

L’affaire du barrage, contesté, de Sivens entre dans une nouvelle phase dans laquelle le combat va aussi porter sur l’appropriation, l’instrumentalisation, voire le détournement de concepts et données scientifiques complexes, parfois controversées. Qu’est-ce que l’irrigation, qu’est-ce qu’un barrage, une zone humide, une retenue collinaire ? Une gouvernance de l’eau dévoyée, un modèle d’aménagement du territoire dévastateur, l’emprise du lobby agricole productiviste dans le Sud Ouest, et l’effondrement du politique concourent à interdire tout débat démocratique autour d’enjeux de société majeurs. Bref éclairage sur le débat qui n’a pas lieu.

En une décennie, Rajendra Singh, qui incarne désormais cette révolution silencieuse, a transformé un désert en une oasis verdoyante, créant un véritable modèle mondial de préservation des ressources en eau, qui a permis de faire revivre plus d’un millier de villages, abritant près de 700 000 personnes.

Tout a commencé en 1987 dans le district d’Alwar dans l’état du Rajasthan, au nord-ouest de l’Inde. La plupart des villageois avaient abandonné des terres devenues arides et rejoint les villes.

C’est en construisant à la main des milliers de réservoirs en terre, permettant de récupérer les eaux de pluie, que le processus de désertification découlant d’une surexploitation des eaux souterraines a pu être enrayé.

Les habitants ont parallèlement lancé un programme de reforestation. Les arbres regagnent du terrain, les surfaces cultivables ont été multipliées par trois, les rendements agricoles par dix.

Lancé en 1987 par la petite ONG Tarun Bharat Sangh, le projet a mobilisé les villageois qui ont creusé des centaines de « johads », réservoirs en terre installés au bas des collines. Ils permettent non seulement de récupérer la pluie, mais aussi les eaux de ruissellement qui sinon se perdent en surface.

Dans un premier temps les puits se sont remplis, puis, après plusieurs années, les cours d’eau ont commencé à se reformer.

Dans chaque village un comité a été constitué pour veiller à la préservation des ressources. Dans la région d’Arvari, ils ont été fédérés au sein d’un « Parlement de la rivière », qui légifère sur l’utilisation de l’eau.

Il a décidé d’interdire la plantation du riz ou de la canne à sucre, qui exigent trop d’eau, de prohiber les pesticides, d’interdire d’utiliser l’eau à des fins industrielles, ou de vendre son terrain à une industrie.

En dix ans les paysans, autrefois condamnés à l’exode rural, ont vu le prix de leurs terres multiplié par 150. (...)