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« Si je suis aux Restos du coeur, c’est parce que j’ai été mutilé par la police »
Article mis en ligne le 1er juillet 2020
dernière modification le 30 juin 2020

Mutilés par la police, ces Gilets jaunes ont perdu un oeil, une main ou des dents. S’ajoute le traumatisme psychologique mais aussi souvent l’extrême précarité financière. Ils racontent leur quotidien entre arrêt-maladie, chômage et restos du coeur.

Pour ce week-end qui rassemble les Gilets jaunes blessés, l’hôtel et les billets de train ont été financés par une cagnotte en ligne [disponible ici ]. Mais les 1.000 euros et quelques, récoltés par leur collectif des Mutilés pour l’exemple, ne permettent pas de prendre en charge tous les repas. Alors ce week-end, certains se serrent la ceinture. « En plus, la semaine prochaine, je vais manger des pâtes », lance Alain en rigolant. Une manière pour l’ex-militaire de dédramatiser un quotidien pas bien rose depuis sa blessure à l’acte III des Gilets jaunes. Le 1er décembre 2018, il s’était posté sous l’Arc de triomphe en train de régler son appareil photo quand un tir de LBD l’a percuté à la carotide.

Les restos du coeur, c’est le vendredi

Depuis c’est la dégringolade. Il y a la douleur, la blessure qui s’infecte et surtout le traumatisme. « Aucun des mutilés que j’ai évalué n’échappe au syndrome de stress post-traumatique », explique Ève Richard. La psychologue montpelliéraine accompagne bénévolement ces Gilets jaunes mutilés. Pour Alain, ce sont des troubles du sommeil, des angoisses et des accès de colère « dès qu’on atteint à [sa] dignité », comme il dit. Un client qui le dépasse à la caisse du supermarché ou un automobiliste mal embouché peut lui faire « péter un plomb ». Il n’est pas en état de reprendre son taf auprès des enfants autistes, juge la médecine du travail. (...)

« Financièrement, on est au plus bas. Il y a des gens qui vivaient bien. Ils sont sortis pour les plus miséreux qu’eux et qui aujourd’hui sont dans la misère. Moi je suis sortie pour les SDF et aujourd’hui je suis SDF. Je ne dors pas dehors parce qu’il y a des gens qui m’hébergent. Mais j’ai 32 ans, j’ai toujours payé mes factures (...)

Antoine se marre souvent. Il est du genre à multiplier les vannes sur son handicap et à se ramener en manif grimé en capitaine crochet. Peut-être une manière de se protéger, ou simplement son caractère. Sa « chérie » elle-même ne sait pas toujours. Ensemble, ils vont de l’avant. Grâce à son indemnité de travailleur handicapé, Antoine a pu reprendre des études de géographie pour devenir « agent de développement local dans un quartier populaire ». Il touche 900 euros tous les mois, « ce n’est pas un smic. Après j’ai le soutien de la famille. Évidemment, je finis dans le rouge tous les mois mais je m’en sors ! » Il se refuse à faire une cagnotte. « Ceux qui me proposent, je les redirige vers d’autres qui en ont plus besoin. »

Les indemnités qui tardent (...)

« La police fait son travail, ça crève les yeux ! »