
Mercredi
27 octobre 2021
Le gouvernement des États-Unis ayant fait appel d’une décision judiciaire britannique qui, en janvier dernier, a refusé l’extradition de Julian Assange vers une prison américaine où il risque plusieurs dizaines d’années de détention, les juges britanniques doivent ces jours-ci confirmer leur décision. S’ils le font, Assange ne pourra plus être extradé… sauf en cas de nouveau mandat d’arrêt américain. Depuis près de dix ans, le lanceur d’alerte australien qui, avec Wikileaks, a rendu des services inestimables à l’information des citoyens sur les turpitudes de leurs gouvernements, est pourchassé et persécuté par plusieurs États, en particulier le plus puissant de tous. La CIA a même concocté des plans pour le tuer. Pourtant, au lieu de soutenir Assange, comme elle le ferait s’il était opposant au pouvoir russe ou au pouvoir chinois, la presse occidentale ne cesse de manifester ses préventions contre lui.
En mars 2017, M. Julian Assange achève sa cinquième année de réclusion dans l’ambassade d’Équateur à Londres. Les dirigeants de la Central Intelligence Agency (CIA) sont résolus à s’emparer de lui et envisagent de le tuer : WikiLeaks, que M. Assange a cofondé, vient de révéler quels outils la CIA utilise pour espionner les appareils électroniques. La fuite est décisive. Les dirigeants de l’agence songent d’abord à l’enlèvement du coupable. Mais violer l’intégrité de l’ambassade équatorienne pour se saisir d’un citoyen australien réfugié à Londres serait diplomatiquement délicat. Puis ils se persuadent que M. Assange s’apprête à fuir en Russie, avec la complicité de l’Équateur et du Kremlin. Ils élaborent alors des plans encore plus rocambolesques
(...) En définitive, l’opposition de la Maison Blanche à une opération juridiquement bancale aurait eu raison de ces projets.
Tous ces éléments, un long article mis en ligne le 26 septembre dernier par une équipe de journalistes de Yahoo News les détaille grâce à des entretiens avec une trentaine de fonctionnaires des agences de sécurité américaines. M. Michael Pompeo, alors directeur de la CIA, n’avait pas caché son jeu en avril 2017 : « WikiLeaks est un service de renseignement hostile aux États-Unis, souvent encouragé par la Russie. (…) Nous ne permettrons plus aux collègues d’Assange de recourir à la liberté d’expression pour nous écraser avec des secrets volés. Nous allons devenir une agence beaucoup plus méchante. Et dépêcher nos agents les plus féroces dans les endroits les plus dangereux pour les écraser. » (...)