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Séparatisme. Retour critique sur un mot qui fâche
#separatisme
Article mis en ligne le 6 décembre 2022
dernière modification le 4 décembre 2022

(...) Les mots qui fâchent, prend pour objet et pour point de départ une brutalisation du débat intellectuel que nous avons souvent évoquée sur ce site : « Toujours plus de haine, toujours plus d’insultes : pour ou contre tout et n’importe quoi, pourvu que l’émotion l’emporte sur la raison, la panique morale sur l’argumentation. 

 » C’est à cette brutalisation qu’entend s’opposer ce livre collectif publié par les Éditions de l’Aube, en pointant ses principaux responsables : non pas – comme on l’entend souvent – des « minorités radicalisées », inspirées par « les campus américains » et animées par des pulsions « tyranniques » et « purificatrices », mais plutôt ceux-là même qui leur font face et qui prétendent incarner le bon sens, la « nuance » et la « modération ».

Le paradoxe est en effet de plus en plus notoire : c’est de la défense de la « démocratie pacifiée », de la courtoisie et de l’« éthique de la discussion » que s’autorisent les gardiens de l’ordre établi pour repousser toujours plus loin les limites de la violence verbale, de la caricature, de l’injure, de la diffamation et de l’ostracisation de leurs adversaires.

Nous l’avons souligné ici-même : c’est au nom de la « raison » et de « l’esprit des Lumières » que se développe, jusqu’au sommet de l’État (et même, on s’en souvient, jusque chez des ministres de l’éducation et de la recherche), un nouvel « obscurantisme » et même des velléités (et un peu plus que des velléités) de « chasse aux sorcières » – notamment dans le monde académique. (...)

Le mot « séparatisme » apparaît dans la communication présidentielle à propos de l’islam à l’automne 2019, peu après l’arrivée de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur. Accolé à « islamiste », il constitue un nouveau syntagme qui va être accrédité solennellement dans le discours prononcé par le président de la République aux Mureaux (Yvelines) un an plus tard, le 2 octobre 2020. Il y est suivi d’une définition appelée à devenir canonique dans la communication du gouvernement :

« C’est un projet conscient, théorisé, politico-religieux, qui se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République ».

Le lendemain, une capsule audio de 2 minutes 50 est mise en ligne par le secrétariat général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR), organe rattaché au ministère de l’Intérieur. C’est bien à une offensive symbolique qu’on assiste (...)