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Amnesty International
SHELL COMPLICE D’HOMICIDE ?
Article mis en ligne le 28 novembre 2017

Le géant pétrolier Shell n’a toujours pas fait toute la lumière sur son rôle dans les violations des droits humains – dont des homicides, des viols et des actes de torture – commises par le régime militaire nigérian dans les années 1990.

Les victimes de ces atrocités étaient les Ogonis, dont les terres ont été ravagées par la pollution découlant des activités de Shell. Lorsque les Ogonis se sont mobilisés pour protester pacifiquement, l’État a lancé une effroyable campagne de violence à leur encontre.

Malgré les nombreux éléments établissant un lien entre Shell et l’action des autorités, aucun cadre de l’entreprise n’a jamais été mis en cause.

Le fait que la société n’ait jamais été amenée à rendre de comptes dans cette affaire est un scandale, qui envoie un terrible message : si une entreprise est suffisamment riche et puissante, elle peut demeurée impunie quoi qu’elle ait fait.

Pour la première fois, nous avons rassemblé les éléments disponibles, qui brossent un tableau accablant de la participation de Shell. (...)

En dépit des atrocités commises, l’entreprise s’est de nouveau tournée vers les autorités au Nigéria pour qu’elles l’aident à faire face aux manifestations communautaires. Un schéma clair a commencé à se dessiner : Shell demandait sans cesse aux pouvoirs publics d’intervenir et ces sollicitations étaient suivies rapidement par des homicides et d’autres violences.

En voici quelques exemples. (...)

Shell n’a eu aucun scrupule à offrir un appui logistique aux forces de sécurité (...)

Dans certains cas, l’assistance de Shell a facilité des violations des droits humains de manière directe. En octobre 1993, par exemple, l’entreprise a transporté des militaires jusqu’au village de Korokoro, où ceux-ci ont ouvert le feu sur des manifestants. (...)

L’entreprise a même remis de l’argent à une unité militaire qui se livrait à des violences.

En décembre 1993, peu après un putsch, Shell a écrit au nouvel administrateur militaire de l’État de Rivers, en insistant sur les conséquences économique des manifestations et en désignant les villages où des mouvements de protestation s’étaient organisés, notamment en pays ogoni.

Un mois plus tard, l’administrateur militaire a créé l’Équipe spéciale chargée de la sécurité intérieure (ISTF), placée sous le commandement de Paul Okuntimo.

L’ISTF a commencé presque immédiatement à perpétrer des violations des droits humains. Le 21 février 1994, des militaires aux ordres de Paul Okuntimo ont tiré sur des milliers de personnes qui manifestaient pacifiquement devant le complexe principal de Shell.

Le 3 mars, l’entreprise a versé des « honoraires » au commandant et à 25 de ses hommes. Selon une note interne de Shell, l’entreprise aurait fait ce geste financier pour montrer sa gratitude et inciter l’ISTF à être constamment bien disposée à son égard lors de ses futures missions.

Peu après, l’ISTF a lancé une campagne de raids brutaux en pays ogoni, tuant, violant et torturant des villageois.

SHELL SAVAIT TOUT DE CES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS. (...)

La crise a atteint son point culminant avec l’exécution des « neuf Ogonis » par les autorités. Parmi ces hommes figuraient Ken Saro-Wiwa, écrivain célèbre et chef de file des manifestations organisées par le Mouvement pour la survie du peuple ogoni (MOSOP). (...)

ET MAINTENANT ?

Le comportement de Shell a encouragé et, parfois, facilité les atrocités commises par les forces de sécurité nigérianes en pays ogoni au milieu des années 1990. L’entreprise, pourtant consciente que les populations locales seraient certainement victimes de violences, a demandé aux forces de sécurité de gérer les manifestations communautaires. Elle a fourni un appui logistique à l’armée et à la police, a souligné à plusieurs reprises auprès des autorités nigérianes combien le pays dépendait financièrement du pétrole et a même versé de l’argent aux forces de sécurité.

Shell a toujours nié ces allégations avec la plus grande fermeté. Toutefois, les éléments disponibles brossent le tableau choquant d’une société qui fait passer ses intérêts avant tout. (...)

Les autorités nigérianes et les pays où se trouvent les sièges de Shell, à savoir les Pays-Bas et le Royaume-Uni, doivent diligenter une information judiciaire sur le rôle de l’entreprise dans les violations des droits humains perpétrées par les forces de sécurité nigérianes.