
L’abstention record, la victoire du Front national, l’enlisement de l’UMP et ses affaires de droit commun, l’humiliation du président de la République, du gouvernement et du Parti Socialiste qui entraînent toute la gauche dans la débâcle imposent un changement de politique. Urgent et radical. Dans tous les domaines. Partis, syndicats, associations, individus, devront en tirer les conséquences, chacun sur son terrain pour que renaisse l’espoir de changer collectivement les choses.
Concernant les jeunes scolarisés et les familles sans papiers, au cœur des préoccupations du RESF depuis maintenant dix ans, l’exigence de leur droit à une vie au grand jour reconnu légalement, demeure, plus que jamais.
Même si elle n’en est pas la seule cause, ni même la principale, la déroute du gouvernement est, entre autres, la conséquence de sa lâcheté sur la question de l’immigration. Des délires antisémites traditionnels des fascistes et des dérapages racistes de Jean-Marie Le Pen aux formules plus soft mais chargées de sous entendus de sa fille, la haine de l’autre est le terreau sur lequel prospère l’extrême-droite. En flirtant avec les thèmes du FN, tel Sarkozy dans son discours de Grenoble ou Copé inventant son histoire de pain au chocolat dérobé, la droite croyait récupérer l’électorat du FN. Elle a obtenu le résultat inverse, apportant sa caution aux thèses du FN. Les gouvernements de Hollande et singulièrement Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, ont fait de même. En poursuivant la politique de "lutte contre l’immigration" de Sarkozy, en tenant des propos racistes sur les Roms, Manuel Valls a validé la politique et le discours de la droite et, par ricochet, celui de l’extrême-droite.
Il faut changer de politique. Un quart des habitants de ce pays sont, au moins en partie, d’origine immigrée. Tout le monde a dans sa famille, parmi ses proches, ses amis, ses collègues, des "immigrés" appréciés, estimés, aimés. Ecrivains, scientifiques, sportifs, garagistes, palme d’Or du festival de Cannes ou prix Goncourt, maçons, boulangers, aides de vie, jeunes des quartiers, politiques même, les "immigrés" sont à l’évidence chez eux ici, dans tous les domaines, de plein droit. Autant qu’un quelconque Le Pen ou Sarkozy.
C’est à eux qu’il faut s’adresser. Restituer la fierté d’être ce qu’ils sont, avec les autres, avec ceux qui vivent avec eux, les estiment et les aiment. Pas seulement dans le discours. Mais dans les actes. Dans la reconnaissance de leur légitimité, en assumant, en revendiquant, leur plein droit à vivre là où ils sont.
La reconnaissance des droits des sans papiers est importante pour eux et pour leurs proches. Evidemment. Mais elle l’est tout autant pour tous ceux et toutes celles qui, de près ou de loin, leur ressemblent, sont identifiés et s’identifient à eux. Et peut-être plus encore, pour toute la société qui, par ces gestes, s’assumera diverse, multiple, riche et en même temps mature et profondément unie.
C’est un combat. Qui aurait dû être celui des forces de progrès. Il a été trahi par des dirigeants arrivistes et sans hauteur de vue. Il est temps, vraiment, de le reprendre.
Pour notre part, nous le poursuivrons, à notre échelle, modeste mais ayant du sens, en manifestant samedi prochain et les suivants, place de la Sorbonne pour exiger que les lycéens sans papiers bénéficient des droits dont tout jeune, quelle que soit son origine ou sa nationalité, doit disposer. Rejoignez-nous !