
Une nouvelle loi russe prévoit des peines de prison, pouvant aller jusqu’à 15 ans de détention, pour la propagation d’informations visant à « discréditer » les forces militaires russes.
Les annonces de « suspension » de l’activité des médias se succèdent. Samedi 5 mars, c’était au tour de première agence de presse hispanophone au monde, EFE, de réagir au vote d’une nouvelle loi russe qui prévoit de la prison ferme pour les auteurs de publications de « fausses informations » sur la guerre en Ukraine. Une première « depuis 1970, date à laquelle EFE a ouvert son bureau permanent à Moscou », indique l’agence le communiqué.
La nouvelle loi russe, signée vendredi par le président Vladimir Poutine, prévoit des peines de prison, pouvant aller jusqu’à 15 ans de détention, pour la propagation d’informations visant à « discréditer » les forces militaires et punit également tout appel à sanctionner Moscou.
« L’agence EFE regrette profondément cette grave attaque à la liberté d’expression, une tentative évidente du Kremlin de cacher la vérité à l’opinion publique », a commenté la présidente de l’organe de presse Gabriela Cañas.
La BBC, la RAI et Bloomberg également concernées
Samedi soir, c’est la chaîne de télévision publique espagnole RTVE qui a à son tour annoncé qu’elle cessait « temporairement d’informer depuis la Russie » en raison de cette même loi. La chaîne a expliqué vouloir « continuer à donner la plus grande information possible sur la situation en Russie et en Ukraine », tandis qu’elle « analysait » cette situation sans précédent pour ses journalistes présents sur place après l’approbation de cette loi.
Dans la soirée, le quotidien El Pais, l’un des journaux espagnols de référence, glissait une phrase dans un de ses articles sur le retrait des médias internationaux de Russie pour indiquer que le journal suivait le même mouvement : « Dans la même veine, pour les mêmes raisons, El Pais n’informera plus non plus depuis la Russie, et ce de manière temporaire ».
Ces médias espagnols emboîtent ainsi le pas à de nombreux médias qui ont retiré leurs correspondants de Russie par craintes de représailles : les radiotélévisions publiques britannique BBC, canadienne CBC/Radio Canada, ou allemandes ARD et ZDF, l’agence Bloomberg News, les chaînes de télévision américaine CNN et CBS, la chaîne de télévision italienne RAI.
Le directeur de l’information de Radio France, Vincent Giret, a déclaré que le groupe, qui compte sept chaînes nationales dont France Inter et Franceinfo, « [préserve ses] correspondants », sans les suspendre. Le groupe attend « dans l’attente d’une expertise juridique et [qu’il statuera] dans les prochains jours », poursuit-il. Dans un premier temps, une responsable de la communication du groupe avait indiqué à l’Agence France Presse que Radio France suspendait la correspondance de ses journalistes, dans l’attente des résultats de cette expertise juridique, ce que Le Monde avait relayé. (...)