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Robert Guédiguian : "La lutte des classes est toujours le moteur de l’Histoire"
Article mis en ligne le 30 novembre 2011
dernière modification le 29 novembre 2011

Robert Guiédiguian - Pour parler de la société au cinéma, il faut déjà penser ça : les classes existent toujours, elles sont en lutte et cette lutte est toujours le moteur de l’Histoire. Même si ça a pris des formes en apparence plus floues.

(...) "Les pauvres gens", ça ne s’affiche plus. La conscience ouvrière, elle, s’affichait. "Je suis un ouvrier" ou "Je suis un paysan", ça voulait dire : "Je suis de ce monde-là, je suis fier, autant qu’un aristocrate, j’ai un métier dont la visibilité pour les autres est très claire." On a rendu les gens honteux et frustrés. La conscience de classe, même si elle existe, est refoulée, clandestine. On ne la claironne pas dans la rue. J’ai connu une époque où les ouvriers faisaient les matamores. Ils n’aimaient pas les bourgeois, se sentaient plus dignes qu’eux. (...)

Le patron n’est plus incarné, plus visible. Il y a des actionnaires, des conseils d’administration, etc., mais pas de patron en direct. Dans la guerre de tous contre tous, celle des pauvres contre les riches, on a déplacé et fabriqué des oppositions factices mais qui fonctionnent. (...)

Le travail de critique sociale reste très mince dans le cinéma français. On trouve quelques exceptions, en ce moment en tout cas. Le cinéma y a oeuvré davantage avant-guerre. Après guerre, presque tout le cinéma de Godard est traversé par la politique, les classes ouvrières, les guerres, etc. Aujourd’hui, Laurent Cantet (Entre les murs) et Lucas Belvaux (Rapt) s’y intéressent aussi. Le champ du documentaire est plus actif et politisé mais il ne connaît pas la même diffusion que la fiction. Dans sa grande majorité, le cinéma français s’intéresse essentiellement et de façon très bourgeoise à des histoires de moeurs. (...)

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