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Rue 89
Révolution égyptienne : tout est-il à refaire ?
Article mis en ligne le 1er janvier 2011
dernière modification le 31 décembre 2011

Le 11 février dernier, les Egyptiens célébraient la chute du dictateur Hosni Moubarak. Une liberté acquise au prix fort : plus de 700 morts et des milliers de blessés. Le pouvoir était transmis au Conseil suprême des forces armées (CSFA), dirigé par le maréchal Tantaoui, chargé de mener à bien la transition démocratique du pays. Tous les espoirs d’un peuple reposaient entre ses mains.

Après 11 mois, le bilan est à peine croyable : au moins 150 morts, plusieurs milliers de blessés et d’invalides (perte de la vue, de l’audition, membres mutilés, incapacités respiratoires), des centaines de personnes arrêtées et torturées (et notamment des femmes), 12 000 civils jugés à la chaîne devant des tribunaux militaires et expédiés en prison…

Leur faute : faire usage d’un droit de manifestation -qu’ils pensaient aujourd’hui acquis- pour exprimer leur désapprobation d’un Conseil militaire qui s’est accaparé le pouvoir.

(...) « Ils méritent d’être envoyés dans les fours crématoires d’Hitler » : C’est en ces termes que le général Abdel-Moneim Kato, conseiller médiatique du CSFA, s’est officiellement exprimé à propos des manifestants, réunis vendredi 16 décembre devant le Conseil des ministres, situé à quelques mètres de la fameuse place Tahrir. (...)

Cette protestation populaire dure depuis 11 mois. Le retard dans le jugement des responsables de l’ancien régime (Moubarak n’a toujours pas été jugé), la perpétuation des lois liberticides (les loirs d’état d’urgence ont toujours cours) et les « débordements » répétés de l’armée ont amené de nombreux Egyptiens à une prise de conscience majeure : la révolution ne fait que commencer. Le régime n’est pas tombé ! (...)

Ces derniers jours, la confrontation entre l’armée et le peuple a atteint des sommets. Les vidéos et les témoignages se succèdent pour dénoncer l’extrême violence de la répression.
(...)

Aujourd’hui, une nouvelle catégorie de la population, socialement considérée comme « intouchable », même sous Moubarak, est particulièrement visée par la répression : les femmes. (...)

Lundi 12 décembre, l’ambassadeur de France auprès des Nations Unies, dénonçait le silence du Conseil de sécurité devant les exactions commises par le régime syrien sur sa population et appelait à agir pour exercer une pression sur les autorités syriennes.

Il est alors totalement incompréhensible que la France ne se pourfende pas d’une telle déclaration à propos de la situation en Egypte, alors que le bilan des morts et des blessés ne cesse d’augmenter de jour en jour et que, contrairement à la Syrie, le peuple égyptien est censé s’être déjà délivré des chaînes de la dictature.

Ou peut-être préférerions-nous reproduire les erreurs du passé ? D’aucuns imaginent encore peut-être le pouvoir militaire comme un rempart aux islamistes alors que cette peur a été instrumentalisée pendant des décennies par le régime pour légitimer son pouvoir.

A l’inverse, les islamistes ne sont-ils pas aujourd’hui en Egypte les alliés de la junte militaire ? (...)

Le 26 novembre dernier, deux jours après la répression sanglante de plusieurs manifestations, le port d’Adabiya, près de Suez, voyait en effet l »arrivée d’une cargaison américaine d’au moins 7 tonnes de gaz lacrymogène.

Le peuple égyptien demande aujourd’hui le transfert immédiat du pouvoir à des autorités civiles.

Nos dirigeants ne peuvent se contenter de célébrer les aspirations démocratiques des peuples arabes, d’aller serrer des mains à Tahrir et de fermer ensuite les yeux sur le massacre d’un peuple qui lutte pour établir cette démocratie.

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